En septembre 1995, une campagne pour la libération des prisonniers présumés zapatistes était lancée en France. Elle a été reprise depuis dans plusieurs pays européens. Nous sommes aujourd'hui à la veille d'échéances décisives.
Au moment où nous bouclons ce numéro de Volcans, nous attendons dans les jours qui viennent le verdict des juges mexicains concernant 9 des 17 prisonniers « présumés zapatistes », Sebastian Entzin et Javier Elloriaga, ainsi que les sept du groupe de Yanga. Alors que la défense craint le pire, au vu des peines demandées par l'accusation, il est urgent de relancer la campagne européenne pour leur libération.
En décembre dernier tous les espoirs étaient permis pour les prisonniers « présumés zapatistes », après que Javier Elloriaga et les sept du groupe de Yanga aient été déchargés de l'accusation de terrorisme. Dans le cas de Maria Gloria Benavides, cela avait préludé à sa libération en juillet dernier. Mais comme toujours au Mexique, le cours de la justice est imprévisible. La situation s'est retournée du tout au tout avec la demande de quarante années de prison contre Elloriaga. Le Réseau solidarité Mexique s'apprête à réagir à d'éventuelles condamnations.
La campagne de soutien aux prisonniers qu'il avait lancée en septembre 1995 (1) a été reprise par les Comités Chiapas ou Mexique de différents pays européens, notamment en Espagne et en Grèce, suite à la cinquième rencontre européenne de la solidarité (2). Sur la seule ville de Barcelone, plus de 6 000 signatures de l'appel ont été recueillies en quelques semaines.
Une journée de solidarité avec les « présumés zapatistes » avait été organisée le 9 février dans toute l'Europe pour marquer l'anniversaire de leur arrestation. A Paris, un rassemblement a eu lieu devant l'ambassade, au cours duquel ont été déposées les 600 signatures de l'appel parvenues au réseau depuis la fin novembre, à ajouter aux 2 300 déjà remises.
Nous avons reçu, daté du jour anniversaire de leur arrestation, un nouveau courrier (3) des sept « présumés zapatistes » détenus au Pénitencier Nord de Mexico, adressé « à tous les frères et les soeurs qui nous rendent visite et nous soutiennent. Nous sommes les prisonniers du système néo-libéral », affirment-ils dans cette lettre, tout en se demandant « à quoi peut bien lui servir de nous garder prisonniers ? »
De son côté, l'ambassadeur du Mexique à Paris a écrit aux différentes associations représentées dans la délégation du 30 novembre dernier, pour leur transmettre diverses notes et memorandas de la CNDH, relatifs aux divers cas évoqués lors de l'entretien, notamment ceux de Yanga, de Cacalomacan et de Ruta 100.
Enfin, au milieu du mois de février, le Comité de défense paysan et indigène du pénitencier nord de Mexico, rejoint par les indiens présumés zapatistes, s'est transformé en Union des indigènes et paysans emprisonnés (UICP). Dans une « déclaration au peuple mexicain et aux prisonniers indigènes », en date du 4 mars 1996, elle dénonce, au nom des 80 détenus indiens du pénitencier Nord, la situation de non-droit qui est celle des prisonniers indiens, soit par manque de traducteur, pour ceux qui ne sont pas hispanophones, soit par manque de ressources, qui les empêche d'avoir un avocat, ainsi que le mauvais fonctionnement des services médicaux et sociaux à l'intérieur de la prison.
L'UICP demande notamment :
Que l'INI (Institut national indigéniste) fournisse des traducteurs à tous les indigènes poursuivis ;
Que soit respecté le droit théorique de bénéficier d'une libération anticipée après avoir purgé au moins 40 % de la peine ;
Que leur soit transmise gratuitement la photocopie de la totalité des documents nécessaires à leur défense ;
Qu'ils soient autorisés à avoir une activité productive organisée pour subvenir à leurs besoins ;
Le regroupement des prisonniers indigènes dans le même compartiment de la prison ;
La création d'une bourse du travail pour les indigènes qui sortent de prison.
Les prisonniers demandent à tous ceux qui les soutiennent à l'extérieur de les aider matériellement à acquérir le matériel et les matériaux leur permettant de développer une activité artisanale pour subvenir à leurs besoins quotidiens (4). Ils doivent en effet faire face à leurs frais d'entretien. Certains prisonniers dépourvus de ressources sont ainsi condamnés à la mendicité auprès des visiteurs de leurs codétenus, ou à une quasi domesticité à l'égard des détenus mieux pourvus.
(1) Voir « Volcans » n°18. La brochure sur les prisonniers est
toujours disponible, contre 20 FF en timbres (ou chèque à l'ordre du GRAM - Mention « Réseau Mexique » au dos), auprès du Réseau.
(2) Voir « Volcans » n°20.
(3) Voir dans « Volcans » n°19 des extraits de leur précédent
courrier.
(4) Pour tout renseignement, s'adresser au Réseau solidarité Mexique c/o COSOPAC 21ter, rue Voltaire 75 011 PARIS.