En octobre dernier, avec un camarade de la Plate-Forme de solidarité avec le Chiapas de Bilbao, nous avons pu nous rendre à la prison de Cerro Hueco à Tuxtla Gutierrez (Chiapas). Nous y avons rencontré Jacinto Salvador Garcia, représentant de la Voix de Cerro Hueco, organisation créée par onze prisonniers qui appartenaient aux bases zapatistes du nord de la région et incarcérés à la suite d'une dénonciation du groupe paramilitaire Paix et Justice en août dernier.
Lorsque nous avons rencontré Salvador Garcia, cela faisait dix jours que cent détenus indigènes de la prison avaient entamé une grève de la faim afin de protester contre leur détention arbitraire et pour exiger leurs droits élémentaires, tel celui de disposer d'un interprète lors de leur procès. Par ailleurs, tous les prisonniers viennent de familles pauvres et lorsqu'ils se font arrêter, leurs parents se retrouvent dans le besoin, voire pire, puisque « l'armée s'est rendue dans plusieurs villages pour y brûler les champs de maïs et saccager les maisons », aux dires de Jacinto Salvador.
Le cas des prisonniers de Cerro Hueco est, bien sû,r au centre des négociations entre le gouvernement et les zapatistes. Ceux-ci refusent de reprendre le dialogue, entre autres, tant que leurs camarades n'auront pas été libérés. En effet, comment le gouvernement peut-il prétendre dialoguer avec ceux qu'il emprisonne et accuse de terrorisme ? (Voir le communiqué ci-contre.)
La grève de la faim entamée fin septembre a lieu dans des conditions extrêmement dures et plusieurs grévistes, les plus âgés notamment, ont dû l'interrompre.
Au cours de notre visite, hormis le fait que le gardien chargé des fouilles à l'entrée s'arrange pour vous soutirer dix pesos (huit francs), nous n'avons pas eu le droit de pénétrer dans la cour pour nous entretenir avec Jacinto, étant donné que le directeur en personne, bien ennuyé par notre visite, nous a reçus avec le prisonnier... dans son bureau ! Très mielleux, il nous a expliqué que tout se passait bien, que nous étions les bienvenus et qu'il était très content que nous nous intéressions à ses pensionnaires, alors que nous venions d'aussi loin. Il a presque été jusqu'à nous demander de revenir, nous lançant « Vous êtes ici chez vous », au moment de notre départ. Les visites d'étrangers aux détenus embarrassent visiblement les représentants de l'Etat.
C'est donc sous l'oeil attentif du directeur que nous avons pu nous entretenir une heure durant avec Jacinto, très éprouvé par la grève de la faim. Il nous a fait part des conditions de détention dans des cellules surpeuplées, sans hygiène, du fait que tout doit s'acheter, le savon, le papier, une partie de la nourriture et même l'eau. A notre tour, nous avons pu l'informer des campagnes menées en Europe et en France (1) pour la libération des prisonniers présumés zapatistes et nous lui avons remis un compte-rendu écrit qu'il a affiché dans la cour.
La situation de ces militants reste préoccupante. S'ils ne sont pas libérés rapidement (2), ils pourraient devoir attendre un procès, ce qui peut durer jusqu'à deux ans !
Nous devons exiger leur libération et leur écrire afin de leur témoigner notre solidarité et pour que le gouvernement mexicain se rende compte que, partout dans le monde, on dénonce les atteintes aux droits de l'homme au Mexique (3).
(1) C'est actuellement la principale campagne du Réseau Solidarité
Mexique, 21ter rue Voltaire 75011 Paris.
(2) Les prisonniers du groupe dit de Cacalomacan viennent d'être
libérés. Arrêtés en février 1995, leur procès vient juste d'avoir lieu et le temps déjà passé en prison correspondait à la peine donnée par la « justice ». Cela fait toujours huit personnes de moins derrière les barreaux.
(3) Ecrivez-leur à La Voz de Cerro Hueco Cereso de Cerro Hueco Tuxtla Gutierrez Chiapas Mexique.