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Premier Congrès national indigène : dialogue et unité

Par Rémy Kachadourian

Réunis pour la première fois à leur initiative, plusieurs centaines de représentants des communautés indigènes de tout le pays se sont rencontrés pour exiger le respect de leurs droits fondamentaux et pour s'adresser à l'ensemble de la société mexicaine.

« L'EZLN au district fédéral ! » Deux militants exhibent une affiche réclamant la venue des représentant de l'EZLN à Mexico. La commandante Ramona s'est rendue à la capitale à l'occasion du Congrès national indigène (Basile Pot).

Cette rencontre, qui s'est déroulée du 8 au 12 octobre à Mexico, a rassemblé environ 700 participants représentant les cinquante-six groupes ethniques du Mexique. Des milliers de citadins ont aussi saisi cette occasion pour manifester leur solidarité envers les communautés indigènes du pays en accueillant leurs représentants et en organisant des cordons de sécurité autour du Centro medico Siglo XXI, le lieu de la rencontre.

La réalisation de ce premier congrès est d'une grande importance pour ce pays où, malgré les luttes pour l'indépendance, la réforme et la révolution, les populations indigènes ont toujours été condamnées à l'exploitation, au pillage, au racisme et à l'oubli. La participation annoncée d'une délégation de l'EZLN (impliquant pour la première fois sa présence dans la capitale) renforçait l'attrait de la rencontre ; le jour de clôture du congrès était couronné par la participation de la commandante Ramona.

Les participants au congrès ont travaillé pour trouver des points d'accords essentiels : le respect de leur culture, de leur existence et la fin des conditions extrêmes de misère, d'hygiène et d'oppression auxquelles sont soumises leurs communautés.

Le thème de l'autonomie fut abordé à plusieurs reprises. Les discussions ont porté sur des initiatives de lois qui garantissent de nouveaux rapports entre l'Etat national et les peuples indigènes, notamment par la reconnaissance de leurs terres et de leurs territoires et le droit à l'autogestion des ressources naturelles ; du caractère pluriethnique (et non simplement pluriculturel) de l'Etat mexicain ; ainsi que de leurs propres rapports sociaux dans l'application des lois.

Dans le domaine culturel, ils revendiquent le droit à l'utilisation des diverses langues indigènes à tous les échelons de la vie sociale, l'accès aux moyens modernes de communication (radio, télévision).

Ils dénoncent « la militarisation de la plupart des régions indigènes et rurales du pays, la persécution d'organisations et de leurs dirigeants, les mensonges et les menaces » et exigent l'application des accords de San Andrés sur les droits et cultures indigènes, signés le 16 février dernier entre l'EZLN et le gouvernement.

Pour les participants, l'initiative des réformes indispensables pour l'avenir ne peuvent venir du pouvoir, mais doivent être formulées par les populations concernées, en harmonie avec l'ensemble des revendications démocratiques du mouvement social.

Les questions de coordination, de suivi et de soutien de toutes les initiatives sociales et politiques ont également été abordées. Ont été décidées les créations d'une Commission nationale coordinatrice provisoire et de dix commissions thématiques : terre et territoire, production, commerce et écologie, justice et droits de l'homme, moyens de communication, éducation et culture, femmes, jeunesse, finances, développement et mode de vie, organisation et représentation politique. La Commission nationale, composée de dix-neuf membres de différentes régions du pays permettra de faire circuler les informations et de coordonner les initiatives ; les commissions thématiques permettront le bon fonctionnement de la Commission nationale et la surveillance de l'application des accords de San Andrés. Il a enfin été décidé d'établir et d'entretenir les liens de soutien et de communication avec les alliés du mouvement indigène tout en précisant que « ces alliés ne seront pas des centres de décision (de leur mouvement, NDLR) », en réponse à l'accusation de manipulation de l'extérieur.

Les prochaines initiatives du congrès seront l'organisation d'une assemblée nationale de toutes les organisations et communautés représentées pour l'élection de la Coordination nationale du mouvement indigène (qui devrait avoir lieu avant la fin de l'année) ; la diffusion du contenu des accords de San Andrés et des résolution du congrès ; l'organisation des mobilisations nationales pour la reconnaissance officielle du CNI, la libération de tous les prisonniers politiques et l'arrêt de la militarisation du pays. De plus, ils lancent une campagne permanente d'éducation et de communication (alphabétisation, programmes d'autosuffisance alimentaire et création de réseaux de communication entre les communautés elles-mêmes et avec les autres secteurs sociaux nationaux).

Le succès de ce congrès constitue un véritable pas en avant contre l'atomisation et la marginalisation des populations indigènes du pays. Il prouve aussi que le mouvement zapatiste est plus capable que jamais, par sa volonté de dialogue permanent et contre tous les pronostics de ses adversaires, de porter ses fruits à l'échelle du pays tout entier.


Encadré

Plus jamais de Mexique sans nous
Volcans, numéro 24/numéro 9

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