Attention, ce site n'est qu'une sélection des archives de la revue Volcans.

Le site définitif et officiel de la revue Volcans.


« Pour l'humanité et contre le néo-libéralisme »

Par Isidor Duchamp

Au cours du Forum pour la réforme de l'Etat, en juillet dernier, un atelier réunissait les militants autour de la définition du néo-libéralisme et de l'esquisse d'une stratégie de résistance. Ce forum préparait ainsi la rencontre intergalactique. En attendant la publication des comptes-rendus de l'intercontinentale, Volcans vous propose un avant-goût.

Les participants à ce forum se sont attachés à saisir le néo-libéralisme dans son « intégralité », en insistant sur la nécessité de « transcender le domaine strictement économique ». Le néo-libéralisme désigne un « moment historique », la phase contemporaine du développement capitaliste. Cette dernière se caractérise par un processus d'internationalisation porté par les luttes intercapitalistes, entre nations et entre classes sociales, par la « révolution micro-électronique qui ouvre la voie à un nouveau partage du monde et à de nouvelles formes de dépendance et d'appropriation des ressources stratégiques », ainsi que par « la mise en place d'une forme de globalisation fondée sur la consommation et l'individualisme ».

Le néo-libéralisme peut également être appréhendé comme une « idéologie » qui accompagne le processus de restructuration du capitalisme et se présente comme la solution à la crise qu'il traverse.

Sur le plan politique, le néo-libéralisme peut être conçu, selon les participants à l'atelier, comme « un pouvoir hégémonique de facto qui dépasse les limites des Etats nationaux » et qui sape les fondements de l'Etat de droit et inflige à la société la violence de la pauvreté et du chômage.

Aux quatre coins de la planète, le néo-libéralisme a la même signification quotidienne : « pauvreté, chômage, répression, désintégration sociale et familiale, émigration, destruction de l'environnement, endettement, stress, maladie, suicide et mort ».

Les participants à cet atelier se sont ensuite employés à identifier les « points de contradiction entre le néo-libéralisme et l'humanité ».

Plus précisément, ils ont eu à coeur de montrer comment le néo-libéralisme envahit toutes les sphères de la société, imposant sa logique destructrice au mépris des droits les plus fondamentaux, mais comment ce même processus crée les conditions d'une résistance sociale, qu'il s'agit de relayer par un effort d'organisation.

D'un côté, « le combat pour l'hégémonie mondiale » met en cause l'aspiration des peuples à l'autodétermination et leurs droits sur le territoire. Les participants précisent que la souveraineté des peuples « ne peut se réduire à la protection et à la gestion des ressources naturelles par la nation », mais implique également « l'autogestion et la surveillance populaire des politiques économiques nationales par les habitants du territoire ». Ils constatent la privatisation des secteurs de l'éducation et de la santé ainsi que leur soumission généralisée à des critères marchands et dénoncent une culture fondée sur le culte de l'argent.

La communauté contre le libéralisme

D'un autre côté, « les tendances à l'atomisation des individus », dont le néo-libéralisme est porteur et « le degré extrême de dépossession induisent en même temps une impulsion à la reconstruction du collectif et du communautaire. Le communautaire est la négation ou la limite du néo-libéralisme et constitue la base de la construction d'un projet alternatif qui parte de l'homme et de ses droits ».

Dans une même perspective, les moyens de communication donnent lieu à une appréciation ambivalente. Les médias pratiquent la désinformation et déforment la réalité sociale, privilégiant le spectacle au détriment de leur objectif premier éducatif et créatif.

Cependant, « les moyens de communication sont partie prenante de la résistance active contre le néo-libéralisme. Les nouvelles technologies permettent aux acteurs sociaux de s'organiser sur une base élargie, de structurer leur stratégie d'information alternative ainsi que de promouvoir l'exercice direct de la démocratie ».

Il s'agissait enfin de commencer à esquisser à grands traits le chemin vers une alternative économique. « La construction de l'humanité est un processus dans lequel il est nécessaire de sauvegarder de vieilles valeurs telles que la justice, la dignité, la démocratie et le ``mandar obedeciendo'' (commander en obéissant). La résistance au néo-libéralisme doit se laisser guider non par l'horizon de ce qui est viable (ce que l'on peut faire dans le cadre du néo-libéralisme) mais par celui de ce qui est possible (ce que l'on peut faire contre le néo-libéralisme). »

« Il est nécessaire, poursuit le document issu du forum économique, de rompre les barrières théoriques et pratiques qui nous séparent : la majorité se construit par l'union des minorités, grâce à la confrontation de points de vue et des expériences différentes. Contre l'atomisation que le système capitaliste nous impose, la construction de réseaux d'insubordination ouvre des espaces de résistance. »


Encadré

Bienvenue dans le Chiapas
Volcans, numéro 23/numéro 9

Attention, ce site n'est qu'une sélection des archives de la revue Volcans.

Le site définitif et officiel de la revue Volcans.