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« Il ne faut jamais oublier que ce pays décide de son destin à la dernière heure »

Entretien avec Alejandro Serrano

Alejandro Serrano, ambassadeur du Nicaragua en France de 1979 à 1985, ex-président de la Cour suprême de justice, ex-recteur de l'université nationale autonome, juriste, explique pourquoi il s'est porté candidat à la présidence pour l'alliance Union nicaraguayenne alternative démocratique (Unidad) :

Volcans : Vous êtes candidat à la présidence de la République et vous avez essayé de former une alliance large, au centre. Pourriez-vous nous en expliquer les différentes étapes et les raisons de son échec ?

A. Serrano : Je suis inquiet par la polarisation du pays. J'ai essayé d'avancer quelques idées autour du contrat social, c'est-à-dire d'un accord entre tous les Nicaraguayens, qui puisse assurer la stabilité politique et permettre le développement économique et social. La situation politique a entraîné le renforcement de deux forces antagonistes : le FSLN, avec Ortega à sa tête, et le PLC avec quelques autres partis de l'alliance libérale dirigée par Aleman. Cette situation m'inquiète. Si Daniel Ortega gagne, il y aura la moitié de l'électorat contre lui et si c'est Aleman, le FSLN lui sera opposé. Dès lors, la perspective sera à la polarisation et à la paralysation de toute initiative de développement. Il m'a semblé qu'en ce moment, le Nicaragua a besoin de rechercher un consensus politique, social, économique et sur le rôle de l'Etat.

Nous sommes plusieurs dirigeants politiques à partager cette recherche de troisième voie. Nous coïncidions également autour de cette préoccupation concernant la polarisation et le risque que deux forces antagonistes prolongent cette polarisation au delà de l'acceptable. C'est ainsi qu'avec différents responsables nous avons réuni dix dirigeants politiques, dont neuf candidats à la présidence : Antonio Lacayo, Noel Vidaurre, Adolfo Jarquin, Sergio Ramirez, Alfredo Cesar, Miriam Arguello, Eden Pastora, Azucena Ferrey et moi-même. Virgilio Godoy, invité, n'est pas venu, même s'il voyait l'initiative avec sympathie. A la réunion suivante, nous avons publié une déclaration autour de la volonté politique de l'alliance. Presque tous nous avons déposé notre candidature en convenant que le candidat serait choisi parmi nous. Nous avons également convenu que nous nous mettrions d'accord sur la base d'idées directrices. C'est là que les obstacles ont surgi et révélé l'attitude personnelle de certains, irrécupérable. Il fut impossible d'aboutir à un accord durant la troisième réunion et nous avons alors décidé de tout arrêter.

Malgré cela, vous maintenez votre candidature pour Unidad. Qui en fait partie et quels sont ses projets ?

A. S. : Après cet échec, je renforce l'alliance Unidad où se trouvent trois partis : le MUR, le PSD et le PSC, le Mouvement Convergence nationale et un secteur du PIAC. S'y sont ralliées des organisations sociales du mouvement coopératif du Nicaragua, l'alliance de la jeunesse nicaraguayenne, ainsi que l'organisation des jeunes universitaires. L'idée reste de créer la troisième voie, rechercher le consensus social stratégique entre les Nicaraguayens, d'arrêter la polarisation, de dépasser l'histoire des deux Nicaragua et de réunir le pays autour de quelques axes communs sur lesquels s'appuie notre programme politique. Je suis candidat à la présidence et Juan Sanchez Barquero, directeur de l'université nationale d'ingénierie, candidat à la vice -présidence. Nous essayons de toucher ces 50 % de Nicaraguayens qui sont tombés dans le scepticisme, qui refusent les deux forces polarisées. Je crois que durant les cent derniers jours avant les élections, beaucoup de choses peuvent arriver.


Propos recueillis par Michelle Dospital


Volcans, numéro 22

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