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Des armées, pour quoi faire ?

La présence des forces armées dans les allées du pouvoir est une donnée permanente de l'histoire des Etats latino-américains, depuis leur indépendance.

Après le début de la guerre froide, le rôle institutionnel de l'armée s'appuie sur la doctrine de la « défense de la démocratie » et de la « lutte contre le communisme », officialisée par le Traité interaméricain d'assistance réciproque de Rio, en 1947, et l'Acte de sécurité mutuelle, en 1951.

Le traité de Rio légitime les interventions militaires des Etats-Unis dans la région, et prépare le terrain à une coopération étroite avec les différentes armées latino-américaines. De nombreux accords bilatéraux permettent ainsi à des milliers d'officiers et de membres du personnel technique de suivre des programmes d'entraînement aux Etats-Unis ou, jusqu'en 1984, à l'Ecole des Amériques, dans la zone du Canal de Panama. Cette formation est axée sur les techniques de contre-insurrection et de « guerre spéciale », accordant une large place à l'utilisation de la torture.

Elle est aussi idéologique, et destinée à imprégner les forces armées du sentiment d'être le secteur le plus important de la société, chargé de défendre le « monde libre » et l'« Occident chrétien ». C'est à partir du milieu des années 60 qu'est formulée la Doctrine de la sécurité nationale ; un coup d'Etat instaure une dictature militaire au Brésil. Les militaires concentrent dès lors l'essentiel des pouvoirs dans la plupart des pays du continent, toute remise en question de cet état de fait étant assimilé à la subversion communiste. Des milliers d'opposants politiques sont assassinés, torturés ou disparaissent, les partis politiques et les syndicats sont interdits, toutes les structures de la société civile démantelées. Jusqu'à la fin des années 70, les militaires remportent certains « succès » sur le plan économique, en pratiquant, avant la lettre, des politiques d'ajustement comportant des coûts sociaux élevés.

Cette domination est ébranlée dans les années 80 par la crise de la dette, et la montée d'une pression populaire pour la restauration de la démocratie telle qu'elle ne peut plus être endiguée. La chute du mur de Berlin achève de saper les fondements de la doctrine de la sécurité nationale.

Aujourd'hui est posée officiellement la question du rôle nouveau des forces armées. Si la guerre menée par l'armée mexicaine dans le Chiapas montre que le rôle traditionnel de contre-insurrection est toujours à l'ordre du jour, il n'est plus suffisant pour servir d'élément de cohésion à l'échelle continentale. En juillet 1995 s'est tenue à Williamsburg, en Virginie, une réunion des ministres de la Défense du continent. Les Etats-Unis placent au centre de leurs préoccupations la question de la sécurité, dans une Amérique qu'ils veulent pour le début du XXIe siècle transformée en zone de libre commerce. C'est ainsi qu'ont été abordés l'existence de conflits territoriaux, ­ une douzaine, dont celui qui oppose l'Equateur et le Pérou ; le trafic de drogue ; le terrorisme ; les droits de l'homme. En effet, les Etats-Unis entendent désormais rompre avec le passé et tenter de donner aux militaires l'image de défenseurs des droits de l'homme : tout un programme...

Sources : Proceso 684, 1er novembre 1995

DIAL 15-31 octobre 1995 (Eduardo Tamayo)


Volcans, numéro 22

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