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Brèves


Deux poids, deux mesures

« Les Haïtiens ont été sanctionnés lorsque leurs réformes économiques ont pris du retard. Pourquoi pas l'Afrique du Sud ? » commence-t-on à murmurer dans certains cercles de Washington, mécontents de la politique du gouvernement sud-africain. Pour ce qui est des parlementaires haïtiens, Michel Camdessus, le directeur du FMI, entend bien les ramener à la raison. Venu passer deux jours en Haïti au mois de mai, il a demandé à les rencontrer. Son objectif : les convaincre du bien fondé du plan d'ajustement structurel auquel il veut soumettre Haïti. Le Sénat a refusé de le rencontrer. Il a pu se réunir avec quelques députés. Mais la discussion fût houleuse. Pourtant Camdessus n'en fait pas mystère : l'aide financière internationale a été coupée et c'est de lui que dépend le feu vert attendu par la communauté internationale. L'Union européenne se dit prête à augmenter son aide de 40 %. Elle dépasserait alors celle accordée par les Etats-Unis. Mais encore faut-il que Monsieur Camdessus donne son accord.


Mini minimum

Le gouvernement hondurien a fixé par un décret du 1er mars le montant du salaire minimum dans le pays : 600 Lempiras, soit 54 dollars et moins du tiers de ce que touche un instituteur. Cette décision a été prise dans le but de désamorcer la tension sociale dans le pays. Elle a soulevé l'indignation des organisations syndicales qui protestent contre le montant misérable du salaire minimun et menacent de la grève générale pour une augmentation des salaires pour tous.


Pour une poignée de maïs

Le 30 mai dernier, quelques quatre cents personnes du village de San Nicolas de los Garza (Nuevo León, Mexique), en majorité des femmes et des enfants participèrent à une attaque en règle contre un train de marchandises transportant cinquante tonnes de maïs. Le train a été presque complètement vidé. Les personnes s'étaient couchées sur les voies pour arrêter le train. La police municipale a été repoussée par des jets de pierres et a dû faire appel à la police nationale. On a vu des enfants de deux ans repartir avec les poches pleines de grains. Sur les cinquante tonnes de maïs, seulement deux ont été récupérées, le reste ayant été emporté par les assaillants qui « avaient faim et voulaient au moins pouvoir manger des tortillas ».

Même si les vols dans les trains sont quotidiens, c'est la première fois qu'y participent plusieurs centaines de personnes. Ils ont pu le faire parce qu'ils avaient faim, mais la faim existe de la même manière ou pire dans d'autres coins du pays sans que l'on attaque les trains. Les pauvres et les oubliés ne pensent pas qu'avec l'estomac, ils pensent avec la tête et ils pensent longtemps avant de prendre le risque de se soulever. L'attaque du train est une mutinerie contre l'injustice. Elle a été décidée non seulement par la faim, mais aussi par la perception de ce qui est juste et de ce qui est injuste et intolérable.

Ils n'ont pas volé des lecteurs de cassettes, des postes de radio, des bicyclettes ou des boîtes de conserve comme à Rio de Janeiro ou à Caracas. Ils n'ont pris que de simples grains de maïs. Est-ce que ces pauvres parmi les pauvres n'ont pas parlé suffisamment clairement ?

Une alternative immédiate de justice et de démocratie, qui en finisse avec le chômage, élève les revenus de la population, lui rende ses droits à la terre, à l'éducation, à la santé et à la vie, protège les biens de la nation, amplifie les libertés et préserve la paix se fait de plus en plus pressante.


Prisonniers zapatistes

Le 10 mai dernier le réseau Solidarité-Mexique organisait une manifestation devant l'ambassade du Mexique à Paris pour protester contre les lourdes condamnations de Javier Elorriaga et Sebastian Entzin. De nombreuses associations et personnalités ont adressé des télégrammes de protestation. Le jour même l'ambassadeur écrivait au Réseau qu'il « souhaitait vivement » que la sentence « fasse l'objet d'un appel », de façon « que le dernier mot revienne à la justice et au droit ». Leur libération le 7 juin 1996 ne clôt pas le dossier des « présumés zapatistes » : seize d'entre eux restent emprisonnés dont un condamné.


La loi du PRI : la vida no vale nada...

Depuis huit ans, les Chinchulines, groupe paramilitaire protégé par le PRI, rançonne le petit village de Bachajon, au Chiapas. Profitant du népotisme local, ils possèdent des entreprises et contrôlent le transport du nord du département. Plus de vingt plaintes contre eux s'accumulent, sans succès. La situation s'est dégradée depuis que le village a élu, l'année dernière, un maire de l'opposition démocratique : les hommes de main des vieux caciques, sentant le pouvoir économique et politique leur échapper, séquestrent le président du comité local des droits de l'homme puis occupent la mairie. La police ne bouge pas. Le 5 mai au soir, la population excédée s'arme. Le chef des Chinchulines est tué. En représailles, ceux-ci assassinent cinq personnes et incendient plusieurs bâtiments publics, dont la mairie. Les forces de l'ordre accoureront... le lendemain matin.


La route de la drogue

A la mi-mai Ernesto Leal, le ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, a annoncé que le gouvernement envisageait de solliciter l'installation dans le pays d'un bureau permanent du DEA (le département de lutte contre la drogue des Etats-Unis). Selon des responsables de la police nationale, les arrestations de trafiquants et les saisies de stupéfiants opérées récemment traduisent « une croissance accélérée du trafic de drogue au Nicaragua ». Toujours selon ces responsables, le cartel de Cali opérerait « sur une grande échelle » dans le pays. Le cartel serait à la recherche de collaborateurs et de nouvelles routes pour la drogue à travers le Nicaragua, par air, par terre et par mer.


Acto à Matagalpa

Pour les militants présents au Nicaragua fin juillet, un acto est organisé à Matagalpa le 28 pour les dix ans de l'embuscade de Zompopera, où Joël Fieux, Berndt Kuberstein, Yvan Leyvraz, William Blandon et Mario Acevedo sont tombés. Pour en savoir plus, joindre Fatima à Managua, au (505-2) 65 03 95.


Un prêtre en prison

Et il n'y est pas seul. Depuis le 31 mai, le père Roy Bourgeois, un prêtre maryknoll, ainsi que douze autres militants du mouvement de la paix aux Etats-Unis ont commencé à purger des peines de deux à six mois de prison.

Tous ont été condamnés pour s'être introduits dans la « School of the Americas », une école militaire située à Fort-Benning (Géorgie) qu'ont fréquenté tant de militaires latino-américains peu respectueux des droits de l'homme. Le 16 novembre, les treize militants aujourd'hui emprisonnés ont pénetré à l'intérieur de la base de Fort-Benning pour y commémorer le massacre de huit personnes commis par l'armée salvadorienne à la UCA, le 16 novembre 1989. Le père Bourgeois est un récidiviste, il a déjà été condamné pour avoir couvert de sang la salle d'honneur de la « School of the Americas ». De sa cellule, il continue à reclamer la fermeture de cette « école de tueurs et de terroristes qui fait honte à ce pays et à son armée ».

(Plus d'informations, en anglais)


Le Chupacabras, expression mythico-populaire de la crise

Légende : « Carabias déclare : ``Le Chupacabras est un genre de canidé ou de félin''. » (journal) « Quel baratin, ils ne peuvent donc pas imaginer que je puisse être un banquier, un juge, ou un agent secret du néo-libéralisme ? »

Depuis le mois d'avril, le Mexique, ainsi que d'autres pays d'Amérique centrale, vit dans la crainte du Chupacabras (« suceur de chèvres »). Cet animal mythique, supposé attaquer le bétail et laisser des cadavres vidés de leur sang, apparaît à tout bout de champ. Dans les campagnes, les témoignages se multiplient sur ses méfaits. Jamais photographié, il a déjà un physique bien déterminé : ailes de chauve-souris, fortes griffes, dents de vampire...

Comme toute mythologie, elle a même engendré sa récupération commerciale : les T-shirts chupacabras sont déjà nombreux et les revues spécialisées dans le sensationnel (Ovni ou autres) en font des numéros spéciaux. Dans les caricatures des journaux, dans les slogans des manifestations (« J'ai vu, j'ai vu, j'ai vu le Chupacabras et c'est le PRI » à celle des enseignants le 23 mai), le Chupacabras se montre de plus en plus « le seul concurrent médiatique sérieux du sous-commandant Marcos », selon un journaliste.

A part ceux qui se moquent (le journal La Jornada suggérait de lancer à la recherche du Chupacabras les vaches folles anglaises, après que les tortues Ninja et le cochon Babe se soient désistés), nombreux sont les journalistes ou intellectuels qui dénoncent dans ce monstre un moyen de distraire l'attention de la population : « bouc émissaire » de la crise, ou même création du gouvernement (sans preuves). En tout cas, une conséquence de la crise politique, économique et sociale, où la recherche de causes simples aux malheurs du pays devient une nécessité.

De même que l'ex-président Carlos Salinas, en fuite, est désormais caricaturé en Chupacabras.

Volcans n'en a pas fini avec le Chupacabras.


Volcans, numéro 22

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