En septembre 1995 (voir « Volcans » n°18), les zapatistes appelaient à la convergence de par le monde de toutes les forces qui résistent au néo-libéralisme, et proposaient l'organisation d'une rencontre inter- continentale « contre le néo-libéralisme et pour l'humanité ». Cette rencontre, requalifiée depuis d'« intergalactique » par Durito, le scarabée narquois de Marcos, se déroulera en juillet et août à La Realidad, petit village des montagnes du Chiapas. Elle sera précédée, en avril, de réunions continentales. La rencontre européenne aura lieu à Berlin, sur la suggestion des zapatistes eux-mêmes, qui y voient un « symbole que le pouvoir entretient comme celui de la fin de l'Histoire et de l'éternité de son mandat ». Contre le « nouveau mensonge (qui) nous est offert en guise d'Histoire », celui « de la défaite de l'espoir, de la défaite de la dignité, de la défaite de l'humanité », ils appellent, dans la première déclaration de La Realidad, « toutes les gauches possibles et imaginables » à « construire l'internationale de l'espoir ».
Entre Berlin et La Realidad, se tiendra, à Lyon le sommet annuel du G7. Le G7 n'existe pas. Il n'a pas de visage, pas d'adresse, pas de territoire, pas de voix. Il n'est investi d'aucun pouvoir, ni dépositaire d'aucune légitimité. Pourtant, ce directoire autoproclamé des sept dirigeants des sept pays les plus riches du monde est l'un des lieux déterritorialisés où se décide, en dehors de tout contrôle démocratique, « entre grands », le sort de la planète et de ses habitants, jusqu'aux scarabées. Ses communiqués sybillins contribuent à l'élaboration de la langue de bois technocratique dans laquelle sont formulées les politiques néo-libérales. Et décident de ce dont devront s'occuper dans l'année qui vient les grands ministres des Sept Grands, c'est-à-dire leurs grands argentiers, ministres des Finances et autres gouverneurs de Banques centrales, s'ils devront consacrer leurs nuits au remboursement de leurs dettes par les pays pauvres, à la stabilisation des taux de change, à l'inflation ou au recyclage de l'argent de la drogue.
Depuis plusieurs mois, un collectif travaille à la préparation d'un « contre-sommet », qui prendra la forme d'une multitude d'initiatives pour marquer le rejet par les peuples, au Nord comme au Sud, des conséquences ravageuses des politiques néo-libérales.
Le comité de rédaction de « Volcans »