Raconter l'invasion militaire du Panama à travers une comédie musicale sans dialogue ni commentaire, c'est le projet audacieux de Dollar Mambo, le nouveau film de Paul Leduc. Ce cinéaste mexicain ne manque ni de courage, ni de talent. Il l'avait montré, dès 1970, avec son premier long métrage, Reed Mexico Insurgente. Inspiré du récit de John Reed sur la révolution mexicaine, ce film tourné avec des moyens matériels dérisoires fit l'admiration des cinéphiles et reçut, en France, le prix Georges-Sadoul. Paul Leduc réalisa par la suite un autre film très beau, Frida, Naturaleza viva, sur la vie de l'artiste mexicaine Frida Kalho.
Dans Dollar Mambo, Paul Leduc raconte en chansons et en danses l'histoire d'une cabaret. Lieu de petits trafics, de fêtes joyeuses et de grandes amours, la boite de nuit, qui représente bien sûr le Panama tout entier, est soudain envahie par l'armée nord-américaine. Fini alors le mambo et les rythmes créoles et place à une sous-culture où de pseudo-mariachis côtoient des robots made in Lucas. Les musiciens deviennent alors les laquais de l'occupant et les danseuses, des filles à soldats.
Aussi attachant soit-il, Dollar Mambo a quelque chose de décevant. Ce spectacle, qui serait sans doute passionnant sur une scène de théatre, est filmé platement, comme si la caméra avait voulu rester en dehors de la sensualité ou de la violence données à voir. Restent quelques images fortes : la chorégraphie brutale de marines portant des masques à gaz ou une danseuse qui se suicide exprimant tout le désespoir d'une nation humiliée.