La mission des observateurs des Nations unies pour le Salvador (Onusal) est aujourd'hui achevée, ce qui marque officiellement la fin de la phase de transition prévue par les accords de paix de janvier 1992.
Mais la transition démocratique est loin d'avoir été menée à bien. Le Parlement européen lui-même s'était inquiété, en novembre 1994, des retards d'application des accords de Chapultepec.
Dans une déclaration du 15 février 1995 (reproduite dans « Dial » n° 1981), l'Université centraméricaine se montrait particulièrement alarmiste.
Les signes inquiétants se multiplient, en effet, depuis quelques mois, à commencer par les déficiences des organes mis en place pour assurer le respect des droits de l'homme et de l'Etat de droit, en particulier la Procuradoria para la Defensa de los Derechos Humanos (PDH) et la police nationale civile (PNC), qui a remplacé l'ancienne police nationale. La PDH s'est révélée incapable de remonter à la source des violations des droits de l'homme, tandis que la PNC reste faible et s'est déjà discréditée.
Les démobilisés de l'armée et les membres des anciens corps de sécurité ont multiplié les actions violentes. Quinze assassinats politiques au moins avaient eu lieu pendant la période électorale. Plusieurs autres ont eu lieu depuis.
La montée de la criminalité a servi de prétexte à la renaissance des escadrons de la mort. Dans le domaine économique et social, la déception et le mécontentement grandissent. Les transferts de terres, notamment, sont de nouveau bloqués, malgré les promesses et les ordres de la présidence.
La politique économique du gouvernement, enfin, est clairement orientée dans le sens des intérêts des exportateurs et des banques, au mépris des objectifs sociaux affichés. Le système d'assurances sociales et le secteur public sont directement menacés.
Deux projets semblent s'affronter au sein de la droite au pouvoir. Un projet autoritaire, qui tente d'inverser le cours du processus de transition pour restaurer l'ancien système de domination, et un projet néo-libéral, qui vise à détourner la démocratisation au profit des intérêts économiques les plus puissants. Entre les deux, l'armée est en position d'arbitre, avec tous les risques que cela comporte.
La faiblesse actuelle de l'opposition de gauche n'en est que plus dramatique.
Le Comite de rédaction de « Volcans »