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Les dominos financiers

La crise financière mexicaine est venue relativiser les dithyrambes entendus depuis quelques semaines sur les « vingt merveilleuses » qu'aurait annoncées le retour de la croissance constaté aux Etats-Unis et dans la plupart des grands pays d'Amérique latine.

Que les institutions internationales aient d'emblée accordé 18 milliards de dollars de lignes de crédit au Mexique donnait déjà la mesure de l'inquiétude des milieux financiers devant la réaction des marchés à la crise du peso.

L'offre d'une garantie du Trésor américain sur 40 milliards de dollars de bons du Trésor mexicain confirmait la gravité de la situation aux yeux de Washington.

Mais l'accord d'un prêt du FMI de 8 milliards de dollars sur dix-huit mois laisse rêveur, lorsque l'on sait à quel point ce gardien de l'orthodoxie financière, ce père Fouettard des insolvables, renâcle habituellement à accorder quelques dizaines ou centaines de millions de dollars aux débiteurs nécessiteux.

Le Mexique bénéficie ainsi d'un traitement de faveur comparable à celui de la Russie de Boris Eltsine.

Warren Christopher l'a dit sans ambages : «Nous avons de gros intérêts en jeu au Mexique. La santé de l'économie mexicaine déterminera si le Mexique est un marché majeur pour nos produits.» Pour rassurer les congressistes inquiets de l'importance de l'engagement américain, le secrétaire au Trésor renchérissait en affirmant qu'il «vise uniquement à protéger les intérêts américains ».

La crise mexicaine confirme d'abord la fragilité du modèle néolibéral de sortie de la crise. Celle-ci repose essentiellement sur les mouvements spontanés de capitaux liquides.

Elle illustre également la formidable puissance de commandement de l'économie américaine, en tant que coeur du système financier international. Le pouvoir économique ainsi détenu dépasse celui dont pouvaient disposer les multinationales dans les années soixante et soixante-dix.

Mais ce pouvoir est paradoxal car il est de moins en moins maîtrisé politiquement. De là l'inquiétude et la rapidité de réaction de la Maison Blanche et du FMI.

Le changement de paysage est, à cet égard, complet par rapport à la crise de la dette de 1982. Dans le gestion du surendettement, chaque pays pouvait jouer le chacun pour soi. Aujourd'hui, l'échiquier financier des deux Amériques ressemble beaucoup plus à un jeu de dominos.

Le cocktail explosif que forment libre-échange et dérégulation financière a toutes chances de faire reparler de lui.

Le Comité de rédaction de Volcans


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