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Que sont les enfants du Che devenus ?

L'heure de la lutte armée semble passée dans les pays de l'isthme, la longue décennie qui s'était ouverte avec l'entrée à Managua des sandinistes en 1979 s'est close au Nicaragua d'abord, quand le Front sandiniste a perdu le pouvoir, puis au Salvador, quand, après la deuxième «offensive finale» de la guérilla, des négociations véritables ont enfin ouvert la voie à la paix. Au Guatemala aussi on négocie; une guérilla encore active, mais qui a vu s'éloigner toute possiblité de renouveler l'exploit des sandinistes, entreprend la première étape de son retour à la vie civile.

A sa façon, le soulèvement zapatiste confirme cette évolution. A l'issue d'une phase proprement militaire qui n'a duré qu'une quinzaine de jours, les guérilleros ont négocié, mais surtout ils ont appelé toute la société mexicaine à suivre leur exemple en sortant des rituels traditionnels du jeu politique. Le fusil ne vise plus le pouvoir, il invite au changement La voie électorale n'apparaît pas plus dégagée. Les Fronts nicaraguayen et salvadorien ont été vaincus électoralement. Déchirements, éclatements, scissions... ont suivi ces échecs. Les organisations politico-militaires ont du mal à abandonner leur deuxième qualificatif. Dans un style bien différent, les récentes élections mexicaines n'ont pas non plus abouti à l'alternance; la construction d'une alternative politique crédible au Parti revolutionnaire institutionnel au pouvoir depuis 66 ans est toujours problématique.

Les références ont également changé, il est des mots que l'on entend moins souvent, communisme, par exemple. Il en est de nouveaux, social-démocratie, économie de marché, initiative individuelle... Pragmatisme, trahison? Il importe de toute façon de ne pas laisser la sphère des idées aux seuls néolibéraux. D'ailleurs, la gauche peut emprunter de nouveaux chemins, et ses familles se regrouper autour de nouveaux thèmes.

Les droits de l'homme, par exemple, sont emblématiques de cette voie. En la matière, le besoin de changement s'impose à l'ensemble des sociétés centraméricaines et le bilan des droites au pouvoir est sinistre. Et surtout les droits de l'homme sont un lieu possible de rencontre de la gauche politique et de la fameuse «société civile», qui a souffert de leurs violations et les a défendus au sein des organisations non-gouvernementales, des Eglises... Il y a, bien entendu, d'autres ouvertures possibles, qui peuvent decouler de l'émergence publique d'une conscience indigène à l'occasion du 500e anniversaire de la Conquête, de la recherche de nouvelles formes communautaires d'organisation économique et de développement, de la lutte du mouvement féministe, qui attaque une des rigidités majeures des sociétés latino-américaines.

Plus que jamais, la gauche trouve sa raison d'être dans la nécessité de retirer aux élites le monopole de la politique, pour en faire l'affaire des peuples. Reste à réinventer l'Etat, à partir de l'impératif de démocratie, que ni les notables, ni les révolutionnaires professionnels ne peuvent incarner jusqu'au bout.


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