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Pourquoi j'ai rompu

Extraits d'une entrevue d'Ernesto Cardenal parue dans Nueva Tierra Nuestra de décembre 1994.

La démission publique du FSLN de l'ancien ministre de la Culture est le résultat de sa déception croissante à l'égard de ses anciens compagnons de lutte. Il n'a pas voulu être complice des manipulations ouvertes dans les élections internes, ni de l'autoritarisme, de l'intolérance et de la corruption chaque fois plus évidents alors que la direction du Front sandiniste n'a toujours pas publié de rapport sur le patrimoine du parti et l'enrichissement surprenant de nombreux anciens fonctionnaires.

Le coup de semonce porté par un homme de la crédibilité morale d'Ernesto Cardenal n'a pas seulement ému les Nicaraguayens et les mouvements de solidarité du monde entier mais aussi la direction sandiniste, qui peut difficilement traiter de contre-révolutionnaire l'ambassadeur culturel le plus important qu'ait eu la révolution.

Quelles sont vos critiques vis-à-vis de Daniel Ortega ?

E. Cardenal : Il a manipulé les élections du parti avec toutes sortes de manoeuvres, insultant et calomniant Sergio Ramirez et tous ceux qui ne lui sont pas inconditionnels. Dans ma lettre de démission je parle de despotisme, de verticalisme, de la direction autoritaire de Daniel. Je dénonce aussi le manque d'éthique, la corruption et dans quelques cas, les vols.

Si le Front sandiniste ne se rénove pas, il mourra. Je trouve cela difficile mais c'est la seule solution. Or, je ne vois pas comment il pourrait y avoir une rénovation avec Daniel. Il a renvoyé du Front des gens courageux, comme Carlos Fernando Chamorro, destitué du poste de directeur de Barricada [et remplacé par Tomas Borge, ndlr]. La même purge s'est produite dans d'autres organismes du FSLN ayant pris le risque de critiquer Daniel Ortega.

Mais il reste le dirigeant le plus populaire du FSLN ?

E. Cardenal : Oui. Il y eut des dictateurs populaires. Ils l'ont d'ailleurs été de façon générale : Peron était un dictateur très aimé par les travailleurs, Hitler n'était pas impopulaire en Allemagne, ni Staline en Union soviétique. Y compris le premier Somoza jouissait d'une certaine popularité parmi les pauvres et les paysans les plus ignorants. Le maire de Managua aussi, Arnoldo Aleman, est populaire. Daniel a eu du charisme, il a présidé un gouvernement issu d'une révolution glorieuse. Mais la base ne sait pas comment sa personnalité s'est déformée après ce gouvernement. Je continue à être révolutionnaire et sandiniste, avec les idéaux du général Sandino et du Front sandiniste d'auparavant. Dans mon testament j'avais laissé mes droits d'auteur au Front Sandiniste, je l'ai changé.


Traduction : M. P.

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