Attention, ce site n'est qu'une sélection des archives de la revue Volcans.

Le site définitif et officiel de la revue Volcans.


Rien ne va plus !

Par Erika Julien

Après avoir fait exploser tous les pétards de Noël et du 31 décembre, la population salvadorienne est vite retombée dans la dure réalité. Malgré les promesses électorales de Calderon Sol, les premières mesures de 1995 sont la hausse des tarifs publics de l'eau, de l'électricité et du téléphone. Coup dur pour les familles pauvres qui, non seulement ne reçoivent toujours pas l'eau dans leurs canalisations vides, mais devront en plus payer une facture augmentée, basée sur une consommation de 18 m3 d'eau minimum. Sans compter que l'eau est chaque jour moins potable.

Pour couronner le tout, pressé de donner des gages au FMI et aux Etats-Unis en vue de l'incorporation du pays au Traité de libre commerce (TLC), le président lance également pour l'année nouvelle, un paquetazo néolibéral : baisse des droits de douane centraméricains, parité fixe du colon et privatisations. Un plan si dur que même les patrons ne sont pas bien sûrs de vouloir l'appliquer. Le marché d'artisanat Ex-Cuartel, au centre de San Salvador, dont les vendeuses s'opposaient à la privatisation, a complètement brûlé.

L'heure est grave : le chômage augmente encore et toujours. Ce ne sont pas les zones franches qui résoudront le problème : les salaires y sont misérables, et les conditions de travail dignes du Moyen Age : militarisation des zones alentour, aucun droit du travail, coups, droit de cuissage et semaines de 70 heures. Quand on sait que Calderon Sol veut faire du pays une immense zone franche...

Pour l'instant, seules les femmes dénoncent les conditions de travail dans les maquiladoras et la « longue nuit du néolibéralisme » qui se prépare. Il ne faut guère compter avec le nouveau FMLN, obnubilé par sa crise interne, occupé à fusionner en vue des prochaines échéances électorales, et qui n'a toujours pas accouché d'une proposition économique alternative sérieuse.

C'est sans doute ce qui explique que la droite ait le champ libre pour agir. De nouveau, les démobilisés des Forces armées gouvernementales sont dans la rue. On se rappelle qu'ils avaient pris en otages à l'automne une vingtaine de députés, pour réclamer les indemnisations auxquelles leur ouvraient droit les accords de paix. Cette fois-ci, ils ont occupé l'Assemblée, le ministère des Finances, la Cour suprême de justice, les rues principales de San Salvador et la Panaméricaine, dans le même but. Ce n'est pas encore le Nicaragua, mais cela ne devrait plus beaucoup tarder.


Attention, ce site n'est qu'une sélection des archives de la revue Volcans.

Le site définitif et officiel de la revue Volcans.