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Déportations

Il est des événements qui dévoilent soudainement ce qu'on avait jusque-là tenu soigneusement dissimulé. Dans un article publié il y a un an dans « Volcans » (n°13, sept.-oct. 1994), Didier Hassoux dénonçait l'affrètement de charters pour expulser des Haïtiens de la Guyane française. On pensait que cette pratique avait cessé. Or, voici qu'un accident d'avion vient de révéler qu'elle continuait de plus belle. Depuis le début de l'année 1995, les autorités françaises auraient affrété quinze charters en catimini. Pris dans une tempête tropicale, le quinzième s'est écrasé avant d'arriver à Port-au-Prince. Seize Haïtiens, dont trois enfants, sont morts dans l'appareil qui les ramenait manu militari dans leur pays. Prise la main dans le sac, la préfecture de Guyane tente de se justifier en expliquant que les enfants nés d'une mère en situation illégale ne sont pas français et qu'il ne faut pas séparer les familles.

Cet argument est très précisément celui qu'invoquait, le 29 juin dernier, le directeur général des Migrations de Saint-Domingue, lorsqu'il déclarait au journal Hoy que « les descendants d'un étranger en situation irrégulière dans le pays ne doivent bénéficier d'aucun droit ». Lui aussi prétendait justifier des déportations, celles de ces braceros haïtiens parqués dans les bateys de la République dominicaine (Voir « Volcans » n°9, nov.-déc. 1993). Des milliers d'Haïtiens ont été littéralement déportés dans les plantations de canne à sucre, où on leur a souvent confisqué leurs papiers d'identité, et leurs enfants nés à Saint-Domingue n'ont aucun document d'état civil, ou possèdent des pièces d'identités non-valides, parfois fournies, moyennant finances, par des fonctionnaires de l'immigration. À l'heure actuelle, 35 % de la population haïtienne résidant en République dominicaine y est installée depuis plus de quinze ans. En Haïti, leurs enfants sont considérés dominicains.

En dépit des protestations internationales et des enquêtes des organisations de défense des droits de l'homme, leur situation dramatique n'a pas évolué. De même qu'en France, personne n'a réussi à s'opposer aux rafles d'Haïtiens dans l'île de Saint-Martin, après que le passage du cyclone, en détruisant leurs logis, en eut fait des personnages encombrants à reloger.

Pour ne rien dire des centaines d'Algériens, de Kurdes ou d'Africains déportés depuis quelques mois. Il serait temps que l'opinion publique française s'inquiète sérieusement de l'arbitraire administratif et policier pratiqué contre les étrangers.

Le comité de rédaction de « Volcans »


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