Depuis quelques années, les éditeurs français nous font découvrir un auteur mexicain étourdissant. Ces un de ces personnages qui sèment la tempête ou plutôt attisent l'incendie en soufflant avec le vent. Officiellement président de l'Association internationale des auteurs de romans policiers, il est partout : il visite l'Europe et suit avec attention les résultats des votes du référendum zapatiste ; il court d'une foire internationale du livre à une autre et rédige sur un coin de table cinq mille signes pour un journal italien qui l'interroge sur la situation politique au Mexique. Il faut bien comprendre que ce bonhomme, rondouillard barbu rescapé du 68 mexicain, est un personnage politique. Paco Ignacio Taibo II écrit ses romans comme on signe une pétition, avec la rage au ventre.
Son dernier roman n'est pas un livre, c'est une esquisse, un tracé qui poursuit un parcours chaotique, une ligne de pointillés qui poursuit une ombre. L'année où nous n'étions nulle part est le dernier titre cosigné Paco Ignacio, avec Froilan Escobar et Felix Guerra. C'est un essai, une tentative de narration.
A trois, auteurs et historiens, ils retrouvent la trace de Ernesto Che Guevara. Ce texte est sujet à débat, sont-ce là les vraies mémoires posthumes du grand Argentino-Cubain ? Est-ce encore une opération de déstabilisation orchestrée par on ne sait qui ? Les doutes subsistent et perdurent surtout si vous avez lu A quatre mains. Déjà ce roman policier avait la manipulation pour pierre angulaire, alors encore un coup d'esbroufe de la part de celui qui écrit et pousse à écrire (Rolo Diez ne lui dédie-t-il pas son second roman ?).
1965 - Cette longue année, ce silence avant la mort, cette lente disparition de celui qui reste la figure emblématique de l'Amérique latine. Cet ouvrage rassemble des entretiens et des extraits d'un ouvrage que le Che aurait écrit pour exposer l'histoire de cette opération. Les auteurs informent d'ailleurs en préambule qu'ils souhaitent par la publication de ce livre que le manuscrit du Che : Passages de la guerre révolutionnaire. Le Congo. soit publié.
Après l'assassinat de Patrice Lumumba, la situation au Congo est explosive, Ernesto Che Guevarra est en tournée à travers le monde, il visite le Soudan, il a déjà pris sa décision. Il cherche un lieu favorable à la mise en pratique de la théorie du foco. Le futur Zaïre semble représenter le meilleur champ d'expérimentation. Cuba sélectionne au sein des divers corps de défense des combattants noirs. Les groupes sont créés et encadrés, ils ignorent qui va diriger l'opération. Ils savent que c'est une longue mission, au moins trois ans.
La troupe est constituée, le premier contingent de combattants et médecins partent pour rejoindre Dar-Es-Salam (Tanzanie). Les trois groupes de dix jeunes Cubains noirs arrivent en avril pour construire une base au bord du lac Tanganyika, le Che les y attend. La situation est dure en Afrique, les Cubains sont presque les seuls combattants, ils luttent et tentent d'organiser les foyers de guérilla dispersés. La lutte est inégale et, lorsque le 23 octobre 1965 Mobutu, chef des armées, prend définitivement le pouvoir au Zaïre, il ne reste que la fuite pour les Cubains. Quelques uns sont morts dans ces combats, d'autres suivirent le Che en Bolivie et partagèrent son sort.
L'alternance d'entretiens et d'extraits du manuscrit du Che est fluide, comme toutes les tentatives littéraires auxquelles participe Paco Ignacio Taibo II. Les éditions Rivages Noir ont récemment publié une série de romans de cet auteur mexicain. Lorsque vous l'aurez acquise, faites une chose, retournez les ouvrages et lisez au hasard.
« L'année où nous nÔétions nulle part », Ed. Métailié.
« Le Rendez-vous des héros », Ed. Métailié.
« De passage », Ed. Métailié.
« Cosa fácil », Ed. Rivages/Noir.
« La Vie même », Ed. Rivages/Noir.
« A quatre mains », Ed. Rivages/Thriller.
« Ombre de l'ombre », Ed. Rivages/Noir.