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Percée évangélique fondamentaliste

Par Marion Aubrée

Les conquistadors espagnols, une fois passée la soif de l'or soulevée par l'étalement des richesses que recélait ce nouveau monde, justifièrent leur domination et leur exploitation des Amérindiens par la nécessité de leur faire connaître la parole évangélique.

Ce n'est qu'après les indépendances que fut admise la liberté de culte dans les jeunes nations latino-américaines et que purent s'y installer divers mouvements issus de la Réforme. La diffusion de ce qu'on appelle aujourd'hui le « protestantisme civilisateur », c'est-à-dire les dénominations et Eglises issues de la première vague protestante, a été favorisée dans tous les pays du sous-continent par de nombreuses arrivées de migrants appartenant à des Eglises réformées (luthériens, méthodistes, baptistes, presbytériens, anglicans). Toutefois, l'écrasante majorité de la population continuait d'être catholique et les expressions rituelles de la doctrine protestante étaient alors relativement discrètes, sans velléités prosélytes.

Parallèlement, aux Etats-Unis, tout au long du XIXe siècle, il se produisit une effervescence religieuse autour de nouvelles révélations concernant les écrits bibliques dans diverses Eglises réformées installées en Amérique du Nord. Le regroupement d'adeptes autour de Smith et de sa doctrine donna lieu à la création de l'Eglise des Mormons, ou Eglise des Saints des derniers jours. En 1831, surgit une autre « interprétation inspirée » dont le dépositaire fut William Miller et qui se base sur la croyance en une seconde venue du Christ sur terre.

La fragmentation

Elle attira de nombreux fidèles qui se firent appeler adventistes et, par fragmentation, elle donna naissance à diverses dénominations dont la plus connue aujourd'hui est celle des adventistes du Septième Jour qui se distinguent du reste de la chrétienté en ce que le jour qu'il dédient à Dieu n'est pas le dimanche mais, à l'instar des Juifs, le samedi. Plus tard, en 1872, Charles Russell, se vit à 20 ans gratifié d'une révélation divine qui allait faire de lui un « témoin de Jéhovah » et connaître de tels développements qu'elle compte actuellement environ 3 millions d'adeptes dans le monde dont à peu près un tiers en Amérique latine.

Pendant ce temps, d'autres dénominations naissaient ; elles étaient le produit d'une dynamique de transformation, en particulier au sein des Eglises noires (post-guerre de Sécession), et créaient des formes d'expression religieuse très nouvelles par rapport à la tradition. La dimension émotionnelle à laquelle on laissait libre cours y faisait craquer une certaine rigidité rituelle tandis que s'y développaient des créations musicales originales et que l'on y donnait une place très particulière à l'Esprit saint, troisième personne de la Divine Trinité chrétienne. Ces derniers groupes qui conforment le mouvement pentecôtiste ont connu une énorme expansion au début de notre siècle et c'est à partir de celle-ci qu'ils ont envoyé chaque fois plus de « missionnaires » vers les contrées de leur sud immédiat.

On vit alors s'accentuer le phénomène de scissiparité lié, dans les institutions protestantes, au fait que chaque fidèle peut produire sa propre interprétation de la Bible et, ce faisant, entrer en conflit avec la structure hiérarchique de la communauté à laquelle il appartient. Dans ce cas, il quitte son groupe d'appartenance, seul ou en entraînant quelques-uns de ses coreligionnaires, pour en fonder un autre dont le destin est imprévisible. Il peut croître et essaimer ou, au contraire, disparaître après quelques mois. Dans un phénomène de ce genre la force charismatique de celui qui provoque la rupture est essentielle pour que se maintienne la nouvelle secte.

La « secte établie »

Ce mot de « secte » est souvent considéré comme péjoratif, en particulier en France, dans la mesure où l'adjectif qui lui est lié (sectaire) a, dans l'usage courant qui s'étend bien au-delà du domaine religieux, des connotations de fort négativisme social. Il n'empêche que, en sociologie ou anthropologie des religions, on ne peut pas en faire l'économie dans la mesure où il correspond à un type très précis de communautés religieuses. C'est d'abord Weber qui l'a employé en appliquant spécifiquement la catégorie de secte à un phénomène de fragmentation très courant à son époque aux Etats-Unis. Son disciple, Troeltsch, a par la suite établi une classification à trois termes dans laquelle la secte et l'Eglise sont fortement différenciées en fonction de la relation qu'entretiennent l'une et l'autre avec la société globale dans laquelle elles sont insérées.

A sa suite d'autres chercheurs ont repris ces catégories de base et, à partir de celles-ci, ont multiplié les variables pour arriver, dans le cas de Ynger, jusqu'à six types de groupes religieux. Plus récemment, Lalive d'Epinay (1975) dans une étude portant sur deux pays d'Amérique latine (Chili et Argentine) a, pour sa typologie, retenu quatre termes. Il s'agit de la « secte », de la « secte établie », de la « dénomination » et de l'« ecclesia ». La première se définit, dans l'optique de cet auteur, non tant par le fait qu'elle est en général un groupe relativement réduit, mais par l'importance que revêtent en son sein la dimension charismatique, la forte solidarité communautaire entre des gens qui appartiennent à une même classe sociale, la fonction contestataire en relation à la société englobante et, aussi, la croyance en l'imminence de l'avènement du royaume de Dieu.

La « secte établie » a des caractéristiques assez semblables à celles de la précédente avec, en plus, une inscription dans la durée historique, un processus de mobilité et, donc, de différenciation sociale au sein même du groupe religieux et, au niveau du clergé, l'articulation de l'élément professionnel sur l'élément charismatique. Dans la « dénomination », le lien communautaire s'affaiblit, le clergé est essentiellement professionnel, c'est-à-dire qu'il a reçu une formation théologique, les fidèles appartiennent généralement à une même classe sociale (le plus souvent la classe moyenne) et la contestation de la société y est remplacée par une attestation de celle-ci. Enfin, l'« ecclesia » correspond dans une nation à la religion dominante, elle est polyclassiste, a un clergé professionnel, développe le sentiment national et le lien communautaire y apparaît comme très lâche quand il n'est pas inexistant. L'Eglise catholique est, historiquement, la seule représentante de cette catégorie en Amérique latine.

On voit ainsi qu'il n'y a rien d'arbitraire à parler de « sectes » dans le cas de bien des groupements religieux qui diffusent rapidement aujourd'hui dans la région qui nous intéresse. Il existe toutefois maintenant une nouvelle catégorie qui correspond à des actions évangéliques ponctuelles dont le but est de stimuler l'implantation de l'une ou l'autre dénomination quand un lieu où un nouveau front d'expansion requiert un appui missionnaire massif. Ces groupes ont pour nom « missions pour la foi », ils sont intégrés par de jeunes évangéliques envoyés et salariés depuis les pays d'origine, surtout les Etats-Unis mais, aussi, l'Allemagne et la Suède. Ainsi, on observe depuis une trentaine d'années dans tous les pays d'Amérique latine l'implantation massive de ces trois grandes catégories néo-évangéliques que sont les « sectes révélées », les « sectes pentecôtistes » et les « missons pour la foi ».

A titre d'exemple, on considère qu'à l'heure actuelle les fidèles des diverses dénominations évangéliques représentent autour de 30 % des habitants du Guatemala, 20 % des Mexicains et, plus ou moins, 12 % des Brésiliens. Dans ce dernier pays, ils ne représentaient, au recensement de 1980, que 7 % du total de la population ; ceci nous donne une idée plus précise de la vitesse à laquelle ils diffusent. Précisons que c'est le mouvement pentecôtiste, plus que les deux autres catégories, qui se constitue en facteur principal de cette expansion extrêmement rapide. Nous nous attacherons maintenant à présenter les caractéristiques propres à ce courant.

Il est issu d'un renouveau du christianisme réformé dans lequel on a fait une place prépondérante à l'Esprit saint et aux expressions émotionnelles de la foi. On y donne aussi généralement aux fidèles une participation très active dans la vie de la communauté et certains d'entre eux, plus particulièrement des hommes, peuvent y occuper des fonctions officielles qui sont souvent rémunérées et permettent, dans certains cas, une ascension sociale totalement inespérée pour celui qui la vit. Tous ces éléments revêtent une importance très grande dans le cadre de la dynamique d'expansion du mouvement.

Les « dons du Saint-Esprit »

Pour résumer les spécificités doctrinales de ce segment du christianisme, on peut dire que l'Esprit saint y est vu comme l'acteur principal de la relation entre le ciel et la terre en tant qu'il est le véhicule des messages que Dieu envoie à ses fidèles sous l'une ou l'autre forme et, en particulier, à travers les « dons du Saint-Esprit ». Ceux-ci sont au nombre de huit : don de « parler en langues », d'interprétation (de celles-ci), d'évangélisation, de guérir par la prière, de prophétiser, de sagesse (qui permet de donner de bons conseils à ses frères ou soeurs en religion), de discerner les esprits (lire dans les pensées des autres) et, enfin le don de faire des miracles -le plus rare évidemment - qui va, selon les croyants, de la protection contre une catastrophe naturelle jusqu'à la résurrection d'un mort. C'est à travers la mise en oeuvre de ces dons que prend place l'émotion dont il a déjà été question dans la mesure où, dans leur immense majorité, ils se manifestent au sein de la communauté, au cours des nombreuses cérémonies collectives qui réunissent l'une ou l'autre catégorie de fidèles (femmes, jeunes filles, jeunes gens, etc.) ou bien l'ensemble de la communauté (la célébration de la Cène et le Culte de prière).

Outre ce rôle essentiel du Saint-Esprit, les pentecôtistes ont pour caractéristique la doctrine de la prédestination. Chaque fidèle pentecôtiste est un « élu de Dieu » qui se trouve, ainsi, mis à l'écart du reste des mortels pécheurs et acquiert l'assurance que la grâce divine l'accompagne sur le chemin de la sanctification qui devient la fin ultime de son existence quotidienne. Pour se rapprocher de la sainteté, dont le modèle parfait est Jésus, il doit se conformer à une éthique quotidienne dont les trois axes principaux sont identiques dans toutes les dénominations et sectes du mouvement. Il doit « louer Dieu » quoi qu'il arrive et chanter sa gloire pour tout événement heureux ou malheureux car « Lui seul connaît ce qui est bon ou mauvais pour sauver son âme et s'assurer la vie éternelle ». Il lui faut, également, se « soumettre à l'autorité » dans la mesure où celle-ci ne lui ordonne pas de faire quelque chose qui va contre sa foi. Ce commandement se traduit généralement par la soumission au pasteur dans la communauté et celle de la femme au mari dans la famille. Il peut aussi avoir des prolongements dans le travail (soumission au patron) et dans la société (soumission au gouvernement) avec la condition restrictive qui vient d'être évoquée. Enfin, il est du devoir de tout pentecôtiste de « respecter les interdits » édictés par la hiérarchie de son groupe. Ils peuvent varier sur des détails selon l'un ou l'autre groupe religieux mais comportent toujours une très forte contrainte du corps dans la mesure où celui-ci est considéré, dans ce courant plus encore que dans le reste de la chrétienté, comme le support de tout ce qui peut freiner la marche vers la sainteté. On bannit ainsi de la vie quotidienne tout un ensemble de coutumes, souvent liées à l'une ou l'autre tradition culturelle, comme la danse ou le port de certains vêtements. Dans ce domaine, outre le fait que l'utilisation de contraceptifs n'est pas admise (bien que parfois employée en secret par certaines femmes pentecôtistes au prix de beaucoup de souffrance morale), on peut dire que le corps des femmes fait l'objet d'une répression particulière et qu'un grand nombre des interdits se cristallise autour de leurs attitudes et comportements gestuels ou esthétiques. Il est également, dans la plupart des cas, interdit aux adeptes d'avoir des rapports personnels avec des gens d'autres confessions si ce n'est à des fins prosélytes.

L'« iconoclasme »

Un autre point important de la doctrine pentecôtiste, qui peut être directement lié avec les interdits visant le corps, est l'iconoclasme, c'est-à-dire le rejet de toute représentation physique de la divinité, des peintures ou des sculptures. Les murs des temples pentecôtistes sont blancs avec, pour seul ornement, une simple croix de bois ou n'apparaît pas le corps du Christ. Ceci n'est pas spécifique aux nouveaux mouvements évangéliques puisque l'ensemble des dénominations issues du calvinisme prônent depuis toujours ce dépouillement. Toutefois, les groupes traditionnels se satisfaisaient de l'application de cet élément à l'intérieur de leurs propres lieux de culte et de la dénonciation, purement symbolique, des tendances superstitieuses impliquées par la multiplication des images saintes dans les églises catholiques. Le courant néo-évangélique, en particulier pentecôtiste, ne se contente pas d'un discours de rejet mais commence à s'attaquer physiquement aux figures sacrées des catholiques.

Ces derniers sont considérés comme de « faux chrétiens » et c'est à eux que s'adressent plus particulièrement les nombreuses « campagnes d'évangélisation » auxquelles participent tous les membres d'une communauté. Celles-ci sont menées durant les fins de semaine, dans les nouveaux quartiers urbains, sur les places publiques, dans les hôpitaux et les prisons, pour convertir à cette « Bonne Nouvelle » réajustée le plus grand nombre de personnes. L'activité prosélyte de ces groupes est tout à fait impressionnante et l'on peut dire, en voyant les chiffres de croissance du mouvement, qu'elle produit des résultats positifs aux yeux de ceux qui veulent « construire le Royaume de Dieu ».

Il faut, pour cerner le phénomène, chercher des explications de deux ordres : d'une part, une explication liée à la dynamique sociale interne des nations concernées, d'autre part, un facteur de causalité externe. En ce qui concerne les éléments d'ordre interne, on peut retenir, d'un côté, le fait que dans les années 40 l'hégémonie de l'Eglise catholique romaine a commencé à décliner dans la foi des masses populaires, en raison des contradictions recélées dans un discours doctrinaire qui enjoignait aux pauvres d'accepter leur vie de misère pour gagner le paradis tandis que les hiérarques de l'institution qui tenaient ce discours se complaisaient dans des fastes que leur garantissait une étroite relation avec les pouvoirs civils. L'avènement de la théologie de la libération dans les années 70 n'a pas, malgré la cohérence qu'elle affichait entre le discours et la pratique sociale du clergé, réussi à entraver ce déclin.

Par ailleurs, durant les quarante dernières années, l'Amérique latine a connu des bouleversements structurels (expulsions de populations, migrations, urbanisation sauvage, catastrophes économiques, guérillas, etc.) qui ont produit une forte instabilité sociale et économique, rendant encore plus difficile la vie de millions de défavorisés, laissés-pour-compte de ce qui aurait pu être la « marche vers la modernité ». Or, même si c'est au prix de l'adhésion à un mode de vie particulièrement rigide, les communautés dont il est ici question promeuvent entre leurs membres une réelle entraide et distribuent, dans la mesure de leurs moyens, des vivres de première nécessité aux « frères » démunis. Cet appui matériel ainsi que le fait que l'on puisse devenir évangélisateur, diacre, vicaire ou pasteur, dans la hiérarchie formelle des congrégations, c'est-à-dire accéder à un salaire permanent, ne sont sans doute pas étrangers à certaines stratégies d'insertion de la part de quelques fidèles du sexe masculin (ces postes, hormis le premier, étant exclusivement réservés aux hommes). Néanmoins cette stabilisation assortie, assez souvent, d'une ascension sociale ne prend effet qu'après que l'on ait fait ses preuves sur la voie de la sainteté et que l'on ait su gagner, au sein de sa communauté, une compétition qui pour être latente n'en est pas moins farouche. En conséquence, on ne peut pas la considérer comme un facteur déterminant de l'entrée en masse dans ces communautés.

On peut en revanche considérer qu'un autre phénomène, en liaison étroite avec les bouleversements socio-économiques, a joué un rôle essentiel dans le développement du courant pentecôtiste. Les personnes expulsées, déplacées, en un mot déracinées, ont généralement dû refouler leur identité collective traditionnelle, fondée sur une histoire, des valeurs et un territoire partagés et dans laquelle la grande famille ou la communauté jouaient un rôle essentiel, au profit de l'apparente acceptation d'un mode de vie plus « moderne » et plus individualisé. Mais, pour des gens dont les attitudes et les comportements se sont construits en milieu rural et sur le mode communautaire la ville apparaît vite comme un lieu hostile contre lequel il faut créer des défenses immédiates si l'on veut échapper à l'anomie. Son éthique apporte de nouveaux points de repère fixes qui vont fournir aux convertis les moyens de restructurer leur identité individuelle à partir d'un nouveau modèle idéal. On trouve donc là pour la conversion une motivation d'ordre profond qui peut toucher un segment très important de la population.

Le facteur politique

Le facteur politique a joué un rôle non négligeable dans cette dynamique interne puisqu'après certaines tentatives, officielles ou clandestines, pour ébranler le vieil ordre politique postcolonial et les répressions d'ordre militaire auxquelles elles ont donné lieu, les populations se sont trouvées privées de tout moyen d'expression politique. Une partie d'entre elles se sont alors tournées vers des organisations religieuses où elles pouvaient, parfois, exprimer leur protestation contre un ordre social particulièrement injuste (communautés éccléasiastiques de base catholiques et quelques rares groupes néo-évangéliques) ou, au moins, mettre en scène de façon très émotionnelle leur malaise individuel face à un horizon social fermé (sectes pentecôtistes).

Enfin, dans ces groupes religieux il est souvent fait référence aux « frères » qui partagent les mêmes croyances et les mêmes modes de vie mais qui habitent dans un autre pays dont on vante la réussite sur les plans social et économique, les Etats-Unis. Et l'on ne peut nier que cette vision, pour le moins idéalisée, d'un pays où les religions protestantes dominantes sont présentées comme étant au fondement de sa puissance et de son développement, vient renforcer, chez le protestant latino-américain, la conviction que le modèle religieux auquel il a adhéré ne peut qu'apporter une grande amélioration dans un paysage socio-économique le plus souvent désolant et qu'il faut donc s'y tenir et le diffuser au maximum car il est porteur de bien-être futur.

La seconde dynamique, celle qui est impulsée de l'extérieur, a pris naissance au XIXe siècle lorsque les divers renouveaux évangéliques nord-américains ont commencé à envoyer des missionnaires vers les Amériques tropicales. Toutefois, son accélération correspond à une période récente (années 50 et 60) où il est devenu clair que le vecteur religieux permettrait à la fois d'atteindre et de transformer plus profondément et plus largement des peuples dont les valeurs de base étaient encore assez éloignées de celles qui avaient engendré le développement de « l'esprit du capitalisme ». L'effort missionnaire s'est alors nettement intensifié et la plupart des groupes originaires des Etats-Unis ont, à posteriori, donné naissance à de nombreuses sectes nationales dans tous les pays concernés. En effet, il était ainsi plus facile de se faire accepter par les autochtones chez lesquels, tant qu'ils n'étaient pas convertis, il demeurait généralement un certain nombre de réserves sur tout ce qui venait des Etats-Unis.

A la conquête des campagnes

Aujourd'hui, il existe toujours des dénominations d'origine étrangère dans les pays concernés mais on s'aperçoit que le stigmate attaché jusque dans les années 60 à leur origine gringa s'est, petit à petit, transformé en élément valorisant dans l'esprit de personnes qui, souvent nourrie de feuilletons télévisés provenant des Etats-Unis rêvent devant l'opulence de la société factice qui leur est présentée sur le petit écran.

Ces deux dynamiques convergentes se sont donc unies pour donner à l'expansion actuelle du courant néo-évangélique la vigueur que nous constatons aujourd'hui. Il s'agit d'un phénomène à l'origine urbain mais qui, dans les vingt dernières années, s'est aussi massivement diffusé dans les zones rurales et gagne les communautés indigènes où, en particulier au Mexique, il fait éclater les structures traditionnelles, parfois de façon violente, comme c'est actuellement le cas dans le Chiapas où il existe une polarisation entre les membres de l'EZLN, catholiques, et les indigènes protestants qui ne participent pas à la révolte armée.


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