Tandis qu'Alberto Fujimori, membre d'une secte fondamentaliste, gouverne au Pérou, le général Rios Montt, adepte de l'Eglise du Verbe, brigue, à nouveau, le pouvoir au Guatemala. Les sectes religieuses occupent un rôle de plus en plus important ou, en tout cas, de plus en plus visible dans la vie politique et sociale des nations latino-américaines. Mais le phénomène n'est pas nouveau. Dès les années soixante, les pentecôtistes, adventistes et autres témoins de Jéhovah servaient déjà de coupe-feu à la théologie de la libération alors en pleine apogée.
Mais qu'est-ce au juste qu'une secte ? Et qu'est-ce qui la distingue d'une Eglise traditionnelle ? Pour dépasser les clichés et les à-peu-près, nous avons fait appel à trois universitaires, anthropologues ou sociologues, travaillant sur ces questions. Un premier article éclaire le problème des définitions en distinguant « sectes », « sectes établies », « dénominations » et « ecclesias », et analyse plus particulièrement le mouvement pentecôtiste, non seulement ses implications sur la vie publique mais aussi son intrusion dans la sphère du privé.
Plutôt que de dresser un panorama, pays par pays, de la place et du rôle des sectes, nous vous proposons deux études approfondies. L'une concerne le Guatemala, où les sectes évangélistes ont une emprise considérable non seulement sur les rouages du pouvoir institutionnel, mais aussi sur la population modeste et jusqu'au coeur des communautés indigènes. L'autre permet à Volcans de sortir de sa zone géographique habituelle en analysant la montée des Eglises évangélistes dans un autre pays à majorité indigène, la Bolivie, qui sort de plusieurs décennies de crise économique.