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Propositions en temps de crise

Par Michèle d'Hospital et Michel Picquart

Henry Ruiz, avec une équipe de travail de 21 personnes ­ des économistes, des ingénieurs, des sociologues ­, vient de publier « Pour une issue nationale à la crise » (1). S'appuyant sur des statistiques économiques, il débouche sur des propositions pour le Nicaragua.

Le Nicaragua subit une profonde récession économique et un arrêt de la production. L'ouverture effrénée de l'économie aux importations a mis au bord de la faillite des secteurs entiers de la production.

Le taux de chômage est passé de 33 % en 1989 à 52 % en 1992. Depuis 1990, le Nicaragua a perçu 3 milliards de dollars, qui ont été investis, d'une part, dans le paiement de la dette extérieure (11 millions de dollars fin 1993) et le maintien d'une monnaie au taux de change surévalué et, d'autre part, dans l'importation de produits de luxe.

D'après l'Unicef, près de 75 % des familles vivent dans dans la pauvreté, avec des problèmes de logement, d'eau potable et d'éducation. En 1990, la mortalité infantile est passée à 72 pour mille et 22 % des enfants entre 6 et 9 ans souffrent de problèmes de dénutrition. Enfin, l'analphabétisme est remonté de 30 à 35 % dans les villes et il est supérieur à 40 % dans les campagnes. Le budget de la santé, qui représentait 5 % du PIB en 1990, est descendu à 3,5 % en 1993. Le PIB du Nicaragua par habitant est de 430 dollars, un des plus bas du monde.

L'équipe de recherche de Henry Ruiz propose de donner la priorité au développement productif. Il existe un réel potentiel de production, paralysé par l'absence de capital des agents sociaux, par les conflits autour de la propriété et par la concurrence des produits d'importation.

Quelques propositions

Henry Ruiz propose, entre autres :

- de mettre fin au problème de la propriété en légalisant le statut des terres, des logements et des entreprises tout en indemnisant les ex-propriétaires dans le cas de confiscations abusives ;

- de respecter toutes les formes de propriété, privées, associatives ou mixtes ;

- de déterminer le rôle actif, sélectif et concerté de l'Etat pour réorienter ses investissements, surtout dans la production ;

- de faciliter l'accès au crédit avec une réduction des taux d'intérêt ;

­ de maintenir la Banque du développement (nationale) et de créer une banque d'Etat spécialisée dans le crédit aux petits et moyens producteurs ;

- de réduire l'importation de biens de consommation non essentiels permettant ainsi d'investir dans la production nationale, mais aussi de quelques biens de consommation qui pourraient être produits localement ;

- de protéger de façon temporelle et sélective le marché intérieur, afin d'améliorer la compétitivité des producteurs nicaraguayens.

Sur cette base, les axes de développement productif à promouvoir seraient : l'autosuffisance alimentaire et l'économie paysanne ; l'utilisation des meilleures terres du pays ; l'encouragement de l'élevage ; l'exploitation rationnelle des ressources forestières ; le renforcement de la production traditionnelle pour l'exportation ; la production non traditionnelle orientée vers l'exportation ; le tourisme ; l'exploitation de la capacité industrielle manufacturière ; l'amélioration du réseau routier et des voies secondaires ; l'augmentation de la production énergétique à un coût moindre.

Si cette stratégie était appliquée, pour la période 1995-2000, le PIB pourrait monter à 540 dollars par habitant et il y aurait, selon Henry Ruiz, plus de 230 000 emplois directs créés dans le secteur primaire sans compter toutes les activités secondaires et tertiaires.

Ces propositions doivent être discutées par les secteurs concernés : la population pauvre et sans ressources, les mentors de la politique nationale et le gouvernement. Il n'y a pas d'issue facile ni unilatérale à la crise, prétendent ces économistes, sans le concours de tous les sujets de l'économie nationale.


1) Tirage limité, un exemplaire est disponible auprès de « Volcans ».


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