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Le rapport 1996 d'Amnesty

Par Maurice Barth

Les rapports annuels d'Amnesty déroulent sous nos yeux les horreurs auxquelles on risque, hélas, de s'habituer, comme le signale le Rapport 1996 (qui concerne, en fait, 1995). La vigilance est d'autant plus nécessaire que le développement des troubles civils et des conflits armés entérine la prolifération des atteintes aux droits de l'homme.

CUBA

Sur l'Ile, 600 prisonniers d'opinion et plusieurs centaines de prisonniers politiques sont toujours incarcérés. La méthode actuelle est le harcèlement, les détentions de courte durée avec incitation à quitter le pays. Ainsi le poète Yndamiro Diaz, que nous avions pu voir à Paris après sa libération, a finalement dû se réfugier au Venezuela avec sa famille. En dépit de la Constitution, les activités religieuses sont restreintes. Cinq civils sont morts à la suite d'une action de police et la peine de mort existe toujours. Amnesty n'a pas été autorisée à faire une enquête dans le pays.

SALVADOR

Il est question de rétablir la peine de mort. Des membres d'ONG ont été victimes de menaces et de harcèlement. Les recommandations de la Commission de vérité n'ont pas été suivies. Les Escadrons de la mort sévissent en toute impunité.

GUATEMALA

Plus de 150 exécutions extra-judiciaires et nombreuses disparitions. On signale aussi la poursuite des enrôlements forcés et la campagne de « nettoyage social » visant les bandes d'adolescents. Des prêtres et des pasteurs oeuvrant pour la défense des droits de l'homme ont été tués, ainsi que des syndicalistes et des Indiens de retour d'exil. Les milliers de violations commises par le passé n'ont pas été élucidées, tandis que l'on découvre chaque semaine de nouveaux charniers. L'existence de liens entre des tortionnaires et la CIA a été établie.

NICARAGUA

Brutalités, arrestations, assassinats, du fait de la police et de l'armée, à l'occasion de manifestations contre la dégradation de la situation économique.

HAÏTI

Les effectifs militaires ont été ramenés à 1 500 hommes, mais 3 500 soldats ont été incorporés dans la nouvelle police, sans qu'une enquête ait été menée sur leur passé. Les dossiers du FRAPH, saisis par l'armée américaine n'ont toujours pas été rendus au gouvernement haïtien et l'ancien dirigeant de ce mouvement n'a pas encore été extradé des Etats-Unis. Seul un tout petit nombre de responsables d'exactions a été jugé, mais des prisonniers ont pu s'évader ou ont été libérés dans des conditions qui supposent des complicités.

HONDURAS

Des membres d'organisations de défense des droits de l'homme ont été victimes de menaces de mort et même de tentatives d'assassinat.

MEXIQUE

Les « présumés zapatistes » ont été libérés sans jugement, mais d'autres sont toujours en prison sans jugement. Des syndicalistes de la compagnie des autobus Ruta 100 étaient toujours en prison à la fin de l'année, ainsi que leur avocat. Des militants des droits de l'homme, des journalistes, des avocats ont été menacés, voire agressés, comme l'évêque Arturo Lona Reyes. Dans l'Etat de Guerrero, dix-sept paysans ont été massacrés et ceux qui protestaient ont été contraints de s'enfuir. Amnesty signale de nombreuses arrestations arbitraires, viols, disparitions, exécutions extra-judiciaires.

L'ambassade du Mexique à Paris nous a envoyé une note (non signée) de son gouvernement, réfutant un certain nombre d'accusations de ce rapport. Les arguments avancés ne sont guère convaincants (sauf lorsqu'il s'agit de libérations survenues depuis) et la note ne fait aucun état de la stratégie globale de l'armée et du PRI au pouvoir.


Volcans, numéro 24/numéro 9

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