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Sandino, au secours !

Par Michel Picquart

Le 20 octobre prochain, des élections générales auront lieu au Nicaragua (1). Le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), dans l'opposition depuis 1990, espère profiter de l'usure de l'équipe en place et, au nom de l'« unité nationale », présente la candidature de Daniel Ortega, secondé par un grand propriétaire terrien, membre de l'organisation patronale, Juan Manuel Caldera Lacayo.

Dans la nuit du 5 juillet, le Conseil suprême électoral du Nicaragua (CSE) a décidé d'appliquer la Constitution en invalidant la candidature d'Antonio Lacayo comme candidat à la présidentielle pour le Projet national (Pronal) à cause de ses liens familiaux avec la présidente, Violeta Chamorro. Il a annulé également les candidatures d'Alvaro Robelo et d'Eden Pastora, le premier pour avoir adopté la nationalité italienne et renoncé à la nicaraguayenne, le second pour être devenu aussi un citoyen costaricien.

De plus l'Alliance nicaraguayenne soutenant Robelo a été dissoute pour n'avoir pas pris en compte les statuts d'un des partis qui la composait. Le 26 août, le CSE a de même invalidé la candidature d'Haroldo Montealegre, du Parti d'unité libérale (PUL), qui n'a, lui, qu'un passeport nord-américain ! Il sera remplacé par Ausberto Narvaez Arguello. Auparavant, le candidat à la vice-présidence pour l'alliance centriste Pan y Fuerza, Alfonso Deshon Gomez, ex vice-ministre de la Coopération de l'UNO, avait renoncé à se présenter, car il avait pris la nationalité canadienne depuis plusieurs années ! Le candidat du Pronal sera désormais Benjamin Lanzas, un entrepreneur membre du Conseil supérieur de l'entreprise (Cosep, le syndicat patronal) depuis vingt ans, réputé ouvert, qui garde le respect des sandinistes et qui dit souhaiter instaurer des relations plus étroites avec Cuba.

Mais le Cosep, qui a des pions partout, tout comme les grandes familles nicaraguayennes, participe aussi à la bataille électorale avec un candidat à la vice-présidence sur la liste du FSLN, Juan Manuel Calderon Lacayo, et un autre sur celle de l'Alliance libérale, Enrique Bolaños. Le FSLN a précisé ses propositions pour la composition du gouvernement, en cas de victoire, en désignant Mariano Fiallos comme futur ministre des Relations extérieures.

Il y aura donc, lors de cette campage, au total vingt-trois candidats à la présidence. Dont vingt ont signé un « accord solennel de consensus » (sous le patronage, entre autres, du cardinal Obando y Bravo) sur l'avenir du pays quel que soit le gagnant, le Compromis pour un programme minimum. Les signataires s'engagent à respecter le résultat des élections ; agir, si tel est le cas, en tant qu'opposition constructive ; lutter contre la corruption et exercer leurs fonctions dans la transparence et avec responsabilité ; appliquer des mesures de sécurité publique et parvenir au désarmement total des civils ; mettre en oeuvre des politiques cohérentes pour relever la production ; poursuivre les efforts dans la recherche d'une solution définitive au problème de la propriété ; faire des efforts pour une qualité de vie allant dans le sens de la dignité humaine ; sortir de la misère l'enfance qui vit dans une pauvreté extrême ; construire 400 000 logements ; diminuer le chômage et améliorer les services de santé.

Cet accord a été signé par Daniel Ortega, mais rejeté par Arnoldo Aleman, le très droitier maire de Managua, et candidat de l'Alliance libérale « parce qu'il reprend des points du programme sandiniste ».

Outre quelques autres petites alliances, formations de centre ou de gauche, l'électeur nicaraguayen aura peut-être l'impression d'avoir l'embarras du choix, tant cette campagne se caractérise par son émiettement politique. Mais la plus grande confusion semble régner entre les propositions des différentes grandes formations, tant le FSLN cherche à se donner une image « respectable » au nom de la stabilité du pays, sans faire de réelles propositions de changement, ce qui risque de provoquer surtout un fort taux d'abstention.


(1) Voir « Volcans » n° 22, été 1996.


Encadré

Les Nicas se souviennent
Volcans, numéro 23/numéro 9

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