Sept mois après les accords de San Andrès, le thème « Droits et culture indigènes » est au point zéro, comme si rien n'avait été discuté, rien n'avait été négocié, tout était oublié. Ces accords n'ont pas été respectés, rien n'a été fait pour les respecter. Les peuples indigènes, eux n'oublient pas. (...)
Quant au thème « Démocratie et Justice », le gouvernement a voulu le restreindre d'abord à des questions locales, puis à de pures déclarations abstraites. Aveugle, sourde et muette d'abord, sans proposition concrète, la délégation gouvernementale s'est ensuite moquée des efforts consentis par les zapatistes.
Le gouvernement a confirmé sa politique indigéniste de domination, de racisme et d'intolérance. (...) Incapable de poursuivre les auteurs des grands crimes commis ces dernières années, complice des trafiquants de drogues, occupé à cacher la responsabilité de Salinas dans les meurtres et le vol du trésor public, le procureur général condamne les « présumés zapatistes » après des aveux arrachés par la torture.
Au Chiapas, les bandes paramilitaires soumettent à la terreur des milliers de familles indigènes. Dans le nord de l'Etat, la brutalité de la guerre civile est telle que l'on ne parvient plus à la cacher. Le nombre des soldats a augmenté, et la rumeur court d'une offensive éclair contre les zapatistes, en réaction contre les actions de l'EPR. (...)
Comment négocier dans ces conditions ? Comment dialoguer avec ceux qui privent de liberté les villages indigènes et les otages qu'ils gardent en prison ? Que faire à une table de négociation où la simulation dissimule la solution violente ? Voilà les questions que nous avons posées à des dizaines de milliers d'hommes et de femmes indigènes. (...)
Les populations ont soutenu la paix qui respecte la dignité, la paix de la vie, non celle qui cherche l'extermination, la reddition, la paix de la mort. La réponse a été « Ne pas se laisser tromper, ne pas se vendre, ne pas se rendre ! ».
Les populations ont donné la consigne de suspendre le dialogue avec la délégation gouvernementale jusqu'à ce que celle-ci fasse preuve de sérieux, et de prendre les mesures pour défendre les populations en cas d'offensive.