Vue de Managua.
Aleman se définit comme droitier et éclectique : d'une part parce qu'il a étudié le droit, d'autre part en comparaison avec Carlos Menem et Alberto Fujimori, présidents d'Argentine et du Pérou. Il a manifesté sa sympathie à l'ex-président mexicain Carlos Salinas de Gortari qui, « malgré ce qu'on dit de lui, a appliqué, simplement, les postulats du libéralisme ».
L'ancien maire de Managua nie être somoziste, bien que son organisation, le Parti libéral constitutionnaliste, soit l'héritier de celle d'Anastasio Somoza et qu'il ait des relations avec les Nicaraguayens vivant à Miami, en particulier avec ceux qui dans les années 60 et 70 avaient un grade militaire.
Ses affrontements avec les sandinistes, mais aussi avec l'ancien Premier ministre Antonio Lacayo, sont connus. Sa haine envers tout ce qui sent le sandinisme de près ou de loin remonte à la décennie passée lorsqu'il fut accusé d'être contre-révolutionnaire et se vit confisquer ses propriétés. Orateur lent et posé, Aleman a appris à contrôler ses expressions antisandinistes, mais lorsqu'il se réfère à Antonio Lacayo, il le qualifie de somoziste. L'affrontement avec Lacayo remonte à la précédente campagne électorale lorsque le gendre de Violeta Chamorro souhaitait offrir la mairie de la capitale à un de ses amis démocrates-chrétiens.
Aleman prétend s'inscrire dans la tradition de Sandino. De fait, il n'appartient pas aux grandes familles de l'oligarchie locale, avec lesquelles il n'entretient pas de bonnes relations. Ce populiste n'en a pas moins rassemblé les votes de rejet du sandinisme, recueillant ceux destinés aux conservateurs traditionnels.
Lorsque les sandinistes l'accusent d'être somoziste, il rétorque que « le somozisme n'est pas une philosophie. Arnoldo Aleman est un libéral. Et si vous croyez que le libéralisme se confond avec le somozisme, vous avez tort. » Et il ajoute : « Tout comme des somozistes se sont ralliés à mon camp, des sandinistes m'ont rejoint. [...] Un homme politique doit être un pont, pas un mur. [...] Tout le monde est bienvenu. Dans l'Alliance libérale, on trouve le principal syndicat du Parti communiste, la CAUS... Ils me considèrent comme un progressiste. »
Son slogan à la tête de la capitale a été « Managua change, la mairie tient ses promesses. » Sa première action à ce poste a été de supprimer le sigle FSLN sur le mont Motastepe, situé au sud de la ville. Il envisageait de le remplacer par une immense vierge de la conception, patronne de la ville, en marbre italien. Les travaux n'ont jamais commencé.
Il a fait construire deux rotondes. Celle de Ruben Dario, près de la cathédrale, a coûté 300 000 dollars. Elle était illuminée toutes les nuits de lumières multicolores alors que la population subissait le rationnement électrique. Quant à celle du Güegüense, il la considère comme un hommage au peuple nicaraguayen « qui a su se débarrasser de l'oppression sandiniste, le 25 février 1990 ». Le nouveau président est satisfait de sa gestion. « S'il avait pu bénéficier d'une force coercitive, sous son commandement, affirme-t-il, Managua serait encore plus différente. Nous n'aurions pas ces asentamientos illégaux, et nous aurions pu construire de nouvelles avenues. »
Aleman a par ailleurs tenté de créer une Police municipale sous les ordres exclusifs de la mairie et étrangère à la Police nationale dépendant du ministère de l'Intérieur. Mais l'institution, déclarée illégale, n'a duré que quelques semaines. Il est tout de même parvenu à privatiser le service de nettoyage des rues et à imposer, pendant des mois, une taxe à tout voyageur empruntant l'aéroport Augusto Sandino. Managua n'est toujours pas un lieu de villégiature, mais on y a aménagé des espaces verts, installé un éclairage public et posé des panneaux indicateurs. Aleman a donc trouvé un écho certain lorsqu'il a promis d'« accomplir pour le Nicaragua » ce qu'il avait fait pour la capitale.
Il n'en reste pas moins que le problème de la propriété, malgré des discussions avec les sandinistes, n'est pas encore réglé. Aleman ne peut pas gouverner comme il le souhaiterait. Ainsi, en mars dernier, les libéraux ont été battus à l'Assemblée nationale par une large coalition, incluant certains membres de leur bord, lors d'un vote sur le budget des universités.