Pour estimer l'état d'un système éducatif, on a souvent recours à des indices évidents comme le taux de scolarisation aux différents âges, le nombre d'écoles ou d'instituteurs. De ce point de vue la situation des pays de la zone s'est globalement améliorée durant la décénnie 80. En 1990, les taux de scolarisation primaire étaient de 90 % au Honduras, de 75 % au Nicaragua et au Salvador (le taux nicaraguayen traduit une forte croissance, résultat de la politique volontariste du gouvernement sandiniste), le Guatemala restant à la traîne, avec 66 %.
La mesure de l'efficacité de l'enseignement est plus délicate. Toutefois, il est clair que l'éducation primaire en particulier n'est pas de la plus haute qualité. En effet, de très forts taux de redoublement, parmi les plus élevés au monde, sont observés en Amérique centrale. Ils révèlent l'incapacité de l'école à amener les élèves aux buts qu'elle leur assigne et entraînent mécaniquement de forts taux d'échec de la formation primaire et d'abandon prématuré de la scolarité, une bonne proportion des élèves finissant par se retrouver trop âgés pour les classes qu'ils suivent.
S'il ne faut pas négliger les facteurs politico-économiques comme la pauvreté des familles, qui conduit les enfants à travailler et les déplacements massifs de population, ces échecs réitérés doivent aussi certainement quelque chose aux systèmes scolaires eux-mêmes. On peut citer la centralisation excessive et la bureaucratie dans l'administration, des programmes inadaptés et rigides qui font fi des disparités régionales et culturelles.
La mesure de l'adéquation aux nécessités de la vie adulte de la formation donnée à l'école est encore plus floue. La propagation d'une idéologie dominante néolibérale, n'incite pas ici à l'optimisme. Les résultats de la formation scolaire sont principalement analysés en fonction des besoins du marché du travail, rien de bien révolutionnaire...