La réalité de l'enfance en Amérique centrale, comme d'ailleurs dans le reste du continent, est difficile à aborder sous forme de dossier : d'un côté, l'évidence de la misère et du désespoir : malnutrition, analphabétisme, travail forcé, proche parfois de l'esclavage, prostitution, et la liste interminable des violences civiles et militaires ; ensuite, une vie quotidienne qui ne diffère guère d'une vie d'adulte, quand elle est synonyme de travail salarié - ou de chômage - de participation aux combats, de grossesse.... L'enfance n'est pas seulement une question d'âge. De quelle façon est-on enfant aujourd'hui en Amérique centrale ? Cela a-t-il quelque chose à voir avec l'enfance telle quelle est conçue aujourd'hui dans les pays industrialisés, c'est-à-dire une période clairement distinguée de l'âge adulte, théoriquement affranchie de toute contrainte productive, et suivie d'une adolescence prolongée (peut-être de plus en plus du fait de la crise économique) ?
Des initiatives populaires ont existé, existent encore, pour faire vivre une politique cohérente en direction de l'enfance : éducation, prévention sanitaire, garderies.... Ces tentatives sont aujourd'hui bien mises à mal par les politiques d'ajustement structurel. Une des doctrines les plus perverses du FMI et de la Banque mondiale consiste à faire croire que quand les budgets sociaux sont laminés, arrive l'âge d'or des familles, qui peuvent jouer le rôle d'amortisseur à la crise. Façon cynique d'oublier la situation de misère de la plupart des familles.
Enfin, cette profonde régression sociale s'exerce à l'encontre d'une fraction de la population qui, sauf de très rares exceptions, ne peut se défendre, s'organiser, faire entendre sa voix directement.