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En campagne...

Par Victor Hugo Tinoco

Au cours d'une tournée européenne, Victor Hugo Tinoco, responsable du département des relations internationales du FSLN, s'est arrêté à Paris, et nous a fait part de ses observations sur la situation pré-électorale au Nicaragua.

Selon un sondage récent, la répartition de l'électorat au début de l'année était la suivante : 25 % pour le FSLN, 25 % pour la droite, 20 % pour les petits partis, et 30 % de personnes qui n'ont pas encore pris de décision. Le but du FSLN dans les deuxièmes élections pluralistes (il y a actuellement plus de 40 partis politiques) est d'arriver à obtenir de 30 à 35 % au premier tour et d'attirer les 30 % de l'électorat encore indécis. Pour être élu dès le premier tour, un candidat doit obtenir 45 % des voix. Ceci semble être un score inaccessible à tous les candidats en lice. Les points clés de la campagne du FSLN sont donc : choisir les meilleurs candidats, faire une alliance la plus large possible et obtenir des moyens économiques pour des mesures urgentes estimées à 5 ou 7 millions de dollars (beaucoup moins qu'en 1990).

Le premier travail est de désigner démocratiquement le candidat qui satisfera le mieux les 25 % des intentions de vote pour le Front.

Il y a donc eu depuis le 9 mars une consultation des militants ouverte (dans le sens où des non-membres du FSLN pouvaient y participer) qui a réuni 420 000 personnes représentant un « vote sûr » pour le Front sandiniste, et représentant aussi les 25 % de l'électorat. Début mai, un congrès doit désigner les candidats à la députation et à la présidence et adopter une plate forme électorale. Cette plate-forme devrait insister sur les points suivants : soutien à la petite et moyenne production (coopératives, secteurs ayant bénéficié de la réforme agraire entre autres) avec un appui administratif, financier et technique à ce secteur ; reconstruction du système de santé ainsi que du système éducatif. Une stratégie d'alliance entre les deux tours a été retenue, car Daniel Ortega, candidat probable, ne pourra pas obtenir les 45 % des voix au premier tour. Même si un certain nombre de militants sont conscients des problèmes posés par cette candidature, elle reste néanmoins la favorite pour la majorité des militants du FSLN. Les discussions au sein du Front semblent indiquer que la majorité ne perçoit pas les défauts de cette candidature et n'est pas prête à appuyer un candidat beaucoup plus consensuel vis-à-vis des secteurs de l'opinion qu'il va falloir convaincre.

Recherche indécis désespérément

Ce problème au sein du FSLN se retrouve en partie à droite où Aleman, l'actuel maire de Managua, est en tête dans les sondages, mais a besoin aussi de se rallier des secteurs beaucoup plus modérés, qui ne sont pas tous décidés à le suivre. Même si la droite est forte, ce n'est pas non plus un retour à la droite de Somoza qui avait une base militaire forte. On peut juste demander actuellement à l'armée d'être neutre.

Le FSLN ne mise pas tout sur les élections présidentielles. Les élections des maires et des députés sont importantes, car les pouvoirs du Président ont été diminués et ceux de l'Assemblée ont été renforcés. Tous les candidats ont été choisis démocratiquement et certains ne font pas forcément l'unanimité et ont même été choisis contre l'avis de la direction. Le premier tour des élections servant à répartir les députés à la proportionnelle, le FSLN espère en obtenir 40 %.

La pauvreté et le chômage sont en augmentation. La production est restée stable mais basse. De ce point de vue, le gouvernement a donc échoué. Il a obtenu malgré tout quelques succès dans le domaine de la macroéconomie : la monnaie est restée stable, l'inflation est demeurée faible (mais la majorité de l'aide financière internationale a servi à cela), et une partie de la dette a été remboursée (elle est passée de 12 millards de dollars à 4 milliards de dollars).

Malgré les circonstances internationales et le cadre imposé du FMI et de la Banque mondiale, le FSLN pense qu'un gouvernement sandiniste peut faire beaucoup de choses, en particulier relever la production et l'emploi et maintenir les services telles l'éducation et la santé. Ce programme sera-t-il suffisamment mobilisateur pour pouvoir gagner les élections ? Le FSLN le pense, mais qu'en pensent les Nicaraguayens ?


Témoignage recueilli par Michel Picquart


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