Depuis le nord du Mexique jusqu'aux franges de la cordillère des Andes, des dizaines de volcans ponctuent les paysages centraméricains et caraïbes. Vénérés comme des divinités dans les cultes précolombiens (les Indiens du Nicaragua sacrifiaient aux dieux en précipitant de jeunes vierges dans le lac de lave du volcan de Masaya), ils devinrent ensuite des refuges pour les résistants à la Conquête puis pour les guérilleros du XXe siècle : le Momotombo au Nicaragua, le Guazapa ou le San Vicente, au Salvador, furent de hauts lieux des luttes du FSLN et du FMLN.
L'impressionnant volcanisme de la région, qui va de pair avec sa sismicité, est dû au mouvement de convergence et de chevauchement de trois plaques tectoniques formant l'écorce terrestre : au sud de la célèbre faille de San Andreas longeant le littoral californien, la plaque océanique des Cocos s'enfonce sous la plaque continentale nord-américaine et sous la plaque des Caraïbes, formant la faille d'Amérique centrale qui court jusqu'au sud de l'isthme panaméen.
Cette zone de fracture de l'écorce terrestre fait peser en permanence une menace sur les populations avoisinantes. Les réveils de volcans sont fréquents dans la région : Soufrière, à La Guadeloupe, en 1976 ; Pacaya, au Guatemala, en 1986 et 1990 ; Cerro Negro au Nicaragua en 1974 et 1992, etc., pour ne citer que les plus récents. Or comme les sols volcaniques résultant de la décomposition des laves et des dépôts de cendre sont le plus souvent fertiles (tels les sols violets du Mexique central) et permettent des cultures permanentes sur de longues durées, ce qui est rare en milieu tropical, on observe de fortes densités humaines sur les basses pentes des volcans, malgré les dangers d'un éventuel réveil. Des émissions de fumées et de cendres permettent généralement l'évacuation préalable des populations avant le déferlement des coulées ardentes de lave. Mais les éruptions sont parfois tellement brutales que le drame ne peut être évité : en 1902, à la Martinique, l'éruption nocturne de la Montagne Pelée détruisit entièrement la ville de Saint-Pierre, causant la mort d'environ 30 000 personnes. Aujourd'hui, les volcans des Antilles françaises sont équipés de dispositifs de surveillance qui devrait permettre de prévenir ce type de catastrophe. Faute de moyens, ce n'est malheureusement pas le cas de la plupart des volcans mexicains et centraméricains.
Illustration de la « vigueur » tellurique de la région, l'une des rares apparitions d'un volcan au XXe siècle s'est produite au Mexique, en février 1943, à Paricutin dans l'Etat de Michoacan. En moins de deux semaines, un volcan actif s'est élevé à plus de 1 500 mètres à partir d'une simple crevasse au milieu d'un champ, crachant cendres et blocs de roche jusqu'à 1 000 mètres de hauteur.
À lire : M. Krafft, Les feux de la terre - Histoires de volcans, Découvertes, Gallimard numéro 113.