A dix-huit heures, le 29 décembre dernier, les négociateurs du gouvernement et de la guérilla ont signé un accord qui devrait mettre fin à plus de trois décennies de combats.
Dix jours auparavant, le Parlement avait voté une loi dite de Réconciliation nationale instituant une amnistie pour l'ensemble des belligérants, à l'exception des crimes proscrits par la législation internationale. Seul le Front démocratique Nouveau Guatemala (FDNG), émanation de la guérilla, a voté contre.
Il faut cependant dire que la paix a été érigée sur une amnésie forcée. L'accord comporte un prix moral que les organisations de défense des droits de l'homme et les familles des victimes ne sont pas disposées à payer. « Des tragédies se sont produites ici, elles ne doivent pas être oubliées », a déclaré Rigoberta Menchu. L'Alliance contre l'impunité est devenue le défenseur d'une morale à laquelle l'URNG a pourtant dû renoncer pour instaurer sa légitimité. La capitulation de l'URNG sur ce thème peut être considérée comme un triomphe de l'armée.
La paix dans ces conditions vaut-elle la peine, se demandent les organisations de défense des droits de l'homme et les associations de familles des disparus. Cette situation ne risque-t-elle pas, par ailleurs, d'atteindre la crédibilité de la guérilla, alors que celle-ci se prépare à combattre sur le terrain politique ? L'UNRG est, comme le FSLN au Nicaragua, le FMLN au Salvador, et à présent l'EZLN au Mexique, confrontée au problème de la transition entre la lutte armée et le combat démocratique.
Un autre problème sera, au Guatemala, celui de l'irruption d'une ex-guérilla sur une scène politique essentiellement blanche et urbaine dans un pays à majorité indienne.
La tâche la plus importante est de mettre en application l'ensemble des accords signés, un des problèmes les plus épineux étant, commeau Nicaragua et au Salvador, celui de la terre et du retour des déplacés. Nous nous attacherons à suivre de près ces questions.
Le comité de rédaction de « Volcans Tlalticpac »
, numéro 25