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Agitation pré-électorale

Par Sylvain Hervy

La campagne pour les élections législatives et municipales du 16 mars 1997 est maintenant officiellement ouverte. Ce scrutin sera le second que connaît ce pays depuis la signature des accords de paix de 1992.

Les 84 députés et les 262 maires et conseillers municipaux du Salvador seront réélus le 16 mars. La préparation technique de ce scrutin n'a pas soulevé les mêmes problèmes et polémiques qu'il y a trois ans. La mise à jour des listes s'est poursuivie et plus de trois millions personnes ont reçu une carte d'électeur. La situation politique lors de la préparation des élections et au début de la campagne est assez confuse. Quatorze partis et trois coalitions s'y présenteront. Les programmes des différentes organisations sont peu clairs ou inexistants. Celui de l'Arena prône la poursuite de la politique suivie actuellement. L'objectif mis en avant par le FMLN est d'obtenir une majorité à l'Assemblée pour arrêter la privatisation des services publics. Les partis du « centre » cherchent toujours leurs marques entre l'Arena et le FMLN.

Devant le peu d'intérêt des programmes en présence, les élections se focalisent sur les changements de parti des maires, sur les coalitions qui se créent puis qui éclatent...

Ces mouvements s'expliquent par la modification de l'espace politique salvadorien depuis la fin de la guerre civile. Le face-à-face entre l'Arena et le FMLN est terminé. Les autres organisations veulent apparaître et, en outre, les tensions internes du FMLN et de l'Arena sont publiques et ont entraîné des départs et la création de nouvelles organisations. La composition de l'assemblée nationale reflète ces mouvements. Après les premières élections de mars 1994, l'Arena comptait trente-neuf députés, le FMLN vingt et un, la Démocratie chrétienne dix-huit, le PCN (Parti de conciliation nationale) quatre, la Convergence démocratique et le Mouvement Unité un chacun. Depuis, le FMLN compte six députés de moins, en raison du départ de l'ERP (Armée révolutionnaire du peuple) et de la RN (Résistance nationale) du FMLN pour créer le Parti démocrate. La division de la Démocratie chrétienne lui a fait perdre la moitié de ses élus, lors de la création du Parti rénovateur social-chrétien et l'Arena a gagné un député provenant de la DC.

Le parti au pouvoir n'a pas été épargné. Si aucun député ne l'a quitté, de nombreuses personnalités en sont parties. Ceci a entraîné la création du Parti libéral démocrate (extrême droite), qui depuis dénonce sans arrêt la corruption au sein de l'Arena. Depuis novembre 1996, les départs de l 'Arena vers le PCN sont quasiment quotidiens. En janvier, plus d'une dizaine de maires ont suivi ce parcours avec tout leur conseil municipal. Mi-janvier, l'ancien vice-président, Francisco Merino, l'ancien président de la Cour suprême de justice et l'ancien président de la compagnie nationale d'électricité ont annoncé leur démission du parti au pouvoir pour intégrer les rangs du PCN. Ces démissions sont justifiées par la marginalisation dont ils seraient victimes et par le fait qu'ils ne seraient pas écoutés par la direction. Ces mouvements au sein de l'Arena sont tels que la rumeur du départ pour le PCN de l'ancien président de la République Alfredo Cristiani a couru, rumeur pour l'instant officiellement démentie.

Pour les élections du 16 mars, tous les partis ont déclaré vouloir mener une campagne « propre », un pacte de bonne conduite était même en discussion entre les partis. A peine le signal du début de la campagne officielle donné, le pacte est abandonné et les vieilles habitudes reprennent le dessus : insultes et calomnies tiennent lieu de programmes. L'Arena traite le FMLN de terroristes, le FMLN répond que l'Arena est un parti de voleurs et de corrompus.

L'agitation autour des élections a complètement fait passer sous silence le cinquième anniversaire des accords de paix, le 16 janvier, qui cette année coïncidait avec la dissolution du bureau de la mission de vérification de l'ONU. A cette occasion, le secrétaire adjoint de l'ONU, Alvaro de Soto, s'est réuni avec le gouvernement et avec le FMLN pour faire le point sur les accords non appliqués. Si la quasi totalité des accords a été mise en oeuvre, il reste quelques litiges sur le transfert des terres à d'anciens combattants de la guérilla. La réforme du système judiciaire accumule les retards, même si une partie des conclusions de la Commission de la vérité se retrouve dans l'avant-projet du nouveau code pénal. En revanche, les recommandations faites par le Groupe conjoint, qui a enquêté sur les assassinats politiques commis depuis la fin de la guerre, n'ont pas été prises en compte. L'impunité n'est pas prête de disparaître au Salvador.


Volcans, numéro 25

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