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La crise de l'agriculture au Chiapas

Par Roger Burbach et Peter Rosset

La révolte du Chiapas menée par l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) trouve ses racines dans la profonde crise agricole de l'Etat du Chiapas. Dans sa déclaration de guerre puis dans ses communiqués, EZLN place très souvent la question agraire au centre de sa lutte.

L'apparition d'une insurrection menée par un mouvement de guérilla à propos de la question agraire est un indice majeur de l'existence d'une crise de l'agriculture mexicaine. La crise dépasse en effet le cadre de l'Etat du Chiapas et touche tout le Mexique. D'autres symptômes sont le déficit agricole croissant avec les Etats-Unis, le défaut des emprunteurs mexicains dans 61 % des prêts liés à l'agriculture et l'exode rural continuel en direction des villes et des Etats-Unis.

Ces déséquilibres n'ont jamais été combattus sérieusement par le gouvernement mexicain, pourtant ils minent la stabilité de l'économie et de l'Etat. Les villes croissent démesurément, tandis que le recul de la production alimentaire nationale fait reposer la sécurité alimentaire du pays sur les fluctuations des marchés mondiaux et la capacité à importer de la nation. Enfin, il est clair que la stabilité de la société est menacée par le constant désintérêt des autorités pour les zones rurales pauvres du pays, comme le démontre amplement le mouvement zapatiste lui-même et les troubles récurrents qui agitent ces zones.

La situation archaïque du point de vue social de l'agriculture du Chiapas, dont la population essentiellement rurale se partage entre une masse de paysans pauvres et une minorité de propriétaires terriens, est une des causes fondamentales de l'insurrection zapatiste. Cette fracture est particulièrement grave, puisque, tandis que d'un côté, 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (on estime même à près de 20 % la proportion des habitants du Chiapas qui n'ont aucun revenu monétaire), de l'autre, l'Etat du Chiapas est le premier des 38 Etats mexicains pour la production de café, le troisième pour celle du maïs, le quatrième pour le nombre de têtes de bétail et se situe dans les trois premiers pour les bananes, le tabac et le cacao.

Un problème ancien

On ne peut pas ici se contenter de l'explication simpliste selon laquelle la vaste majorité des paysans est tout simplement privées d'accès à la terre confisquée par quelques gros propriétaires et entrepreneurs agricoles. En effet, 54 % des terres cultivables du Chiapas appartiennent à des communautés agraires ou ejidos et sont cultivées par les paysans pauvres et les Indiens, généralement en famille. Ce système date de la réforme agraire commencée à la fin des années 30.

Il faut donc examiner la structure de la production agricole plus en détail. Le secteur de l'ejido du Chiapas compte environ 179 000 producteurs, dont environ 20 000 (soit 11 %) pratiquent une agriculture de rente et vendent à peu près 90 % de leur production. A l'autre extrémité on trouve les 31 % des paysans qui pratiquent une agriculture de subsistance.

Il reste donc 58 % de producteurs agricoles dans le secteur de l'ejido que l'on classe comme « diversifiés ». Ces agriculteurs tirent en moyenne un revenu annuel de 300 dollars de la commercialisation de leurs surplus, ce qui ne suffit pas à leur assurer une existence décente. Les producteurs du secteur « diversifié » restent en fait en marge des marchés les plus rentables. Ils produisent principalement du maïs et des haricots, des cultures destinée à l'auto-consommation ou aux marché locaux et qui rapportent peu. La culture de rente de ces paysans reste le café, qu'il est possible de cultiver sur une petite échelle.

La richesse toute relative des producteurs commerciaux de l'ejido ne repose pas sur la superficie des terres qu'ils cultivent, puisque ces 11 % de producteurs ne contrôlent que 15 % des terres. Bien que l'on manque ici de données précises, on invoque l'accès au crédit, la mécanisation, l'utilisation d'engrais et de pesticides, la qualité des terres et l'irrigation. En outre, beaucoup de ces producteurs emploient des ouvriers agricoles dans de bonnes conditions de productivité.

Cependant, c'est le secteur privé qui domine l'économie agricole de l'Etat du Chiapas. Il s'agit d'un système d'agriculture capitaliste composé essentiellement de plantations tournées vers les marchés internationaux et de grands domaines d'élevage.

La statistique la plus révelatrice de la crise alimentaire au Mexique est celle des importations de maïs : le pays doit importer 20 % de sa consommation de cette céréale qui est la base de l'alimentation locale. A l'échelle historique, il s'agit là d'une tragédie puisque le Mexique est le berceau de la culture du maïs. Mais comment en est-on arrivé là ?

Dans les années 30, le président Lazaro Cardenas prit enfin au mot l'article 27 de la Constitution de 1917 et expropria beaucoup de gros propriétaires terriens pour attribuer leurs terres aux communautés agraires, les ejidos. A partir de 1940, le gouvernement s'engagea dans une politique de grands travaux. Barrages, irrigation, routes, électrification, contribuèrent a créer une infrastructure et un climat propices à l'investissement dans l'agriculture commerciale d'envergure.

Poursuivie jusqu'en 1965, cette stratégie de développement compte quelques succès à son actif. On a été jusqu'à parler de « miracle mexicain », quand l'industrialisation a été facilitée par l'abondance de nourriture bon marché que l'on trouvait alors en ville. Mieux, tant par l'adoption des techniques agricoles nées de la « Révolution verte » que par celle de nouvelles semences cultivés dans de grandes exploitations irriguées, le Mexique devint exportateur de grain vers 1963.

Ce développement agricole s'est surtout opéré dans le Nord. Dans le Chiapas, la réforme agraire est arrivée tardivement, ce n'est qu'à la fin des années 30 et au début des années 40 que sont démantelées les grandes propriétés ou latifundias qui ont été le socle du pouvoir de l'oligarchie pendant des siècles.

Des paysans marginalisés

Mais les meilleures terres, dans les zones de Ocosingo, Grijalva ou Sconusco, restèrent entre les mains des riches fermiers des planteurs et des « nouveaux riches » éleveurs de bétail. Même dans les hautes terres bien des anciens propriétaires ne cédèrent aux Indiens que leurs terres les moins fertiles. Pire, la parcellisation des terres a même aidé l'oligarchie en stabilisant la main d'oeuvre dont elle avait besoin. Les Indiens étaient attachés à leur lopin qui ne pouvait suffire à les nourrir, ce qui les conduisait naturellement à aller s'embaucher comme journaliers dans la grande propriété la plus proche.

Vers 1970, partout au Mexique, les exploitations les plus rentables ont cessé de cultiver les grains de base pour se consacrer à des productions monnayables à l'exportation, viande, céréales pour le bétail comme le sorgho, fruits, légumes... Les grains de base et surtout de maïs ont été renvoyés au domaine de l'agriculture marginale, cultivés sur les terres les plus pauvres, selon des techniques ancestrales et avec des rendements médiocres. Résultat : le Mexique et redevenu un importateur important de denrées alimentaires de première nécessité.

A partir de la présidence de Luis Echeverria (1970- 1976) et jusqu'à l'éclatement de la crise de la dette (1982), le gouvernement mexicain a lourdement investi dans l'agriculture, y compris dans le secteur de l'ejido. On a distribué de nouvelles terres, y compris celles de certaines des exploitations modernes du Nord, on a également lancé de nombreux programmes à caractère social pour combattre la pauvreté en milieu rural et encourager le développement des ejidos et des communautés agraires.

Cette décennie d'investissements et de subventions s'est elle aussi close sur un constat d'échec au début des années 80. On peut toutefois mettre à son crédit la modernisation du secteur des subsistances, en particulier des circuits de distribution, pour le reste on peut surtout conclure que l'ejido et la paysannerie en général sont maintenant un appendice de l'Etat. Loin de donner le pouvoir à la base, cette politique a accru la dépendance vis-à-vis de l'Etat. La corruption s'est partout manifestée et d'immenses investissements ont souvent été faits en pure perte parce que les projets étaient conçus dans un bureau à Mexico, sans consultation des paysans et des techniciens de terrain.

Néanmoins, les investissements de l'Etat féderal dans l'agriculture ont dopé l'économie de tout l'état du Chiapas. L'élevage a été le fer de lance de cette politique de transformation de l'économie rurale. En 1970, le Chiapas comptait 2 millions de têtes de bétail, un chiffre qui atteint 3,8 millions en 1980, pour culminer à 4 millions en 1983. La production de cultures d'exportation croit aussi fortement, puisqu'elle a doublé en dix ans.

Le gouvernement mexicain et la Banque mondiale ont surtout incité les petits paysans à s'engager dans la production de bétail, principalement par le crédit. Mais dans les faits, ce développement du crédit à la production bovine a fragilisé les petites exploitations et aidé les grosses à se doter en capital. En effet, les petits producteurs se sont spécialisés dans l'élevage des veaux qui est la partie la plus risquée de la production de viande bovine. Ces veaux sont ensuite achetés par les gros propriétaires qui seuls disposent de domaines suffisamment vastes pour laisser paître les troupeaux. Les petits exploitants ont souvent subi de lourdes pertes, en raison d'épidémies et par défaut d'assistance sanitaire et technique, ainsi que de programmes d'amélioration des races. En outre, les producteurs de veaux ont des débouchés peu diversifiés, puisque leur seul acheteur est souvent le gros éleveur local qui peut leur imposer ses prix. Il ne faut donc pas s'étonner de ce que, à la fin des années 70, de nombreux paysans confrontés à de lourdes pertes et à de maigres perspectives de profits, en aient été réduits à louer leur terres aux gros éleveurs, un procédé illégal qui accélère le processus de concentration de la terre agricole dans l'Etat. Finalement, malgré les vastes subventions accordés à l'ejido, la pauvreté et le sous-développement n'ont pas reculé dans le Chiapas dans les années 70.

La crise de la dette

La crise de la dette a frappé le Mexique dès 1982, mais ses effets dévastateurs ne se sont pas fait sentir dans le secteur agricole avant 1986. De 1982 à 1986, l'agriculture s'est mieux comportée que le reste de l'économie, en raison de taux de change propices aux exportations agricoles, d'un climat favorable et d'une légère augmentation des prix agricoles garantis par le gouvernement. Mais dès que les coupures dans les subventions aux aliments de première nécessité ont pris effet, la production agricole a chuté.

En 1976, l'administration Echeverria finissante a lancé un programme de réforme agraire qui menaçait certaines des grosses exploitations agricoles, en particulier dans le Nord-Ouest. Comme au début du siècle, la nouvelle réforme agraire n'a tout d'abord pas été appliquée dans le Chiapas. Mais la fin des années 70 et le début des années 80 ont vu une intense agitation menée par les organisations paysannes et indiennes, qui a finalement forcé la main aux autorités.

La crise du Chiapas

Début 1983, la situation était tellement explosive que le président Miguel de la Madrid s'est rendu dans le Chiapas sitôt élu.

Ses efforts pour juguler les troubles sociaux ont été conformes à la tradition de manipulation du gouvernement mexicain. Il a d'abord nommé une commission censée traiter les conflits autour de la propriété de la terre, puis placé le Chiapas sous strict contrôle militaire et impulsé une véritable réforme agraire. Néanmoins, cette réforme agraire n'a rien fait pour diminuer les tensions sociales ou augmenter la production agricole. La stratégie gouvernementale de redistribution des terres a été de favoriser les communautés paysannes les plus dociles, voire les organisations paysannes proches du PRI, et d'ignorer et de combattre celles qui s'étaient battues pour la terre.

La disparition des subventions et les conflits en cours autour de la propriété de la terre ont eu un effet immédiat dans le Chiapas. D'une part, la production vivrière s'est effondrée (de 1982 à 1987, la production de maïs a baissé de 20 % et celle de haricots de 18 %), d'autre part la production des cultures de rente destinées à l'exportation s'est envolée. On peut expliquer cet envol par la dévaluation du peso et la compétitivité accrue des productions mexicaines sur les marchés internationaux qui en a résulté. Ainsi, sur la période considérée, les productions de soja, d'arachide, de sorgho et de tabac ont augmenté respectivement de 151 %, 241 %, 145 % et 261 %, tandis que la production de cacao et de sucre de canne doublait et que celle de banane n'enregistrait qu'une « modeste » croissance de 25 %. De son côté, la quantité de viande de boeuf mise en vente a cru de 400 %, tandis que le troupeau baissait de 22 % sur la même période. Le message était clair : les éleveurs liquidaient leurs bêtes en vue d'un profit immédiat.

Les recettes néo-libérales

En 1992, une assemblée dominée par le PRI a mis un terme à la réforme agraire en cours et pratiquement vidé l'article 27 de son contenu en autorisant l'exploitation et l'achat des terres sous le régime de l'ejido par des investisseurs privés ou étrangers.

Cette nouvelle legislation n'a pas déclenché de privatisation massive. Par inertie, les ejidos ont continué à fonctionner comme avant. Mais les partisans et les opposants à la privatisation s'accordent pour dire que l'ancien système est condamné à terme et qu'un système de grande et petite propriété privée de la terre va se mettre en place progressivement.

Or, il y a peu d'espoir que, dans le domaine des grains de base, le secteur commercial viennent à suppléer les petits paysans de l'ejido. En effet, la signature de l'ALENA entraîne l'ouverture du marché intérieur et les produits mexicains vont entrer en concurrence directe avec ceux des Etats-Unis. C'est-à-dire qu'une agriculture du tiers-monde sous-capitalisée et appauvrie va devoir affronter le complexe agricole le plus puissant et le mieux doté en capital dans le monde.

Si l'on regarde les chiffres, l'avantage des Etats-Unis est écrasant : un hectare produit 1,7 tonne de maïs au Mexique contre 7 aux Etats-Unis. On pourrait croire que le Mexique peut se rattraper en raison du coût inférieur de sa main d'oeuvre, mais cet « avantage » est insuffisant pour combler son retard de productivité. Une tonne de maïs mexicain nécessite 17,8 jours de travail, contre 1,2 heures de travail pour une tonne de maïs nord-américain.

Dans ces conditions, les grains en provenance des Etats-Unis vont probablement inonder le marché mexicain. Les petits producteurs en feront les frais, leurs possibilités de reconversion dans des productions exportables sur le marché des Etats-Unis sont très aléatoires en raison du coût d'une telle opération et de la saturation de ce marché dont les légumes mexicains occupent déjà une large part.

Solutions alternatives

Selon les néo-libéraux, il n'y a aucun intérêt à maintenir en activité les petits producteurs incapables de résister à la concurrence internationale. Ils vont même jusqu'à rendre responsables de la crise, la persistance d'un secteur agricole marginal et sous-capitalisé soutenu par les anciennes politiques de subventions et de réforme agraire. Il est clair que la « modernisation » néo-libérale se fera au détriment des petits producteurs de maïs sur terres non-irriguées qui peuplent majoritairement l'Etat du Chiapas. Cependant, certains analystes affirment que, les petits agriculteurs chiapanèques consommant eux-même leur production, ils ne seront que peu touchés par une baisse des cours. Dans les faits, il n'en est rien, puisque 67 % du maïs de l'ejido est commercialisé. Comme le clamait déjà une des premières déclarations de l'EZLN : « L'ALENA signe l'arrêt de mort des peuples indiens du Chiapas. »

Les approches alternatives doivent tout d'abord prendre acte de l'échec de la politique interventioniste du gouvernement mexicain, un echec qui tient surtout aux objectifs de « modernisation » de cette politique, qui finalement a désorganisé les circuits traditionnels et perpétué la pauvreté.

Tous les programmes étatiques de soutien à l'agriculture révèlent un parti-pris défavorable aux paysans pauvres. L'attitude de l'Etat envers les ejidos a toujours été au mieux paternaliste, au pire hostile, le pouvoir recherchant plus le contrôle politique pour lui et la croissance industrielle que le développement pour les campagnes.

Ainsi, même la réforme agraire a été utilisée par le pouvoir pour acheter leur soutien politique aux paysans ou pour déplacer les populations en excès vers des zones éloignées. En conséquence les terres allouées aux ejidos sont souvent pauvres et sans accès au marché. Les zapatistes exigent l'annulation de la modification de l'article 27 et l'instauration d'une réelle politique de réforme agraire, qui concernerait enfin les terres les plus riches.

Dans leur déclaration du 1er mars 1994, les zapatistes détaillent les mesures qui doivent accompagner la redistribution des terres : « Un titre de propriété ne suffit pas, il faut aussi un support technique et financier et (...) des prix justes pour nos produits. Les terres redistribuées doivent être de bonne qualité, irriguées et accessibles par de bonnes routes. »

Et en effet, lorsque les petites communautés paysanne ont une part équitable de crédits, de support technique et d'infrastructures routières, elles se développent tout comme les grosses exploitations qui, à l'heure actuelle, monopolisent ces ressources.

On doit également aborder la question des prix agricoles. Les petits producteurs ont souffert d'une part de la baisse de 20 % des subventions à la production et, d'autre part, de la surévaluation du peso, qui favorise le grain importé. De notre point de vue, un prix correct pour le maïs au Mexique est une question de sécurité nationale. Des prix élevés garantissent naturellement la sécurité alimentaire, ils encouragent le développement agricole et assurent un revenu décent même aux foyers paysans les plus modestes.

Il y a deux moyens de soutenir les prix, les barrières douanières et les subventions à la production. Or, les subventions creusent le déficit budgétaire et l'ALENA appelle à l'ouverture du marché des grains. Le gouvernement mexicain doit renégocier ces clauses de l'accord qui excluent d'emblée les masses rurales des éventuels bénéfices de l'intégration économique.

Terre et liberté

La plupart des paysans mexicains tirent déjà une part non négligeable de leurs revenus d'activités extra-agricoles, ce fait doit être reconnu et même vu comme une force. De petites unités de production agro-alimentaires situées près des champs augmentent la part de la valeur ajoutée qui est dévolue à la communauté et diversifie les possibiltés d'emploi en leur sein. Des effets bénéfiques qui s'affirment quand les entreprises sont possédées localement, voire par les communautés elle-mêmes.

En conclusion, le renouvellement de l'agriculture mexicaine passe par la libération de la paysannerie. C'est bien le sens du vieux cri Tierra y libertad que poussent à nouveau les zapatistes et les communautés agricoles du Chiapas. La « modernisation » impulsée d'en haut a échoué, c'est maintenant au tour du potentiel d'innovation et de créativité de la base d'occuper le devant de la scène. Une place que, par le sang et la répression, le PRI et l'Etat mexicain ont toujours dénié à ceux qui se révoltent pour mener la vie qu'il entendent sur les terres qu'ils cultivent.


Traduit et adapté de « Food First Policy Brief », version originale.


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