Écrire ses papiers en LATEX est une tradition relativement bien établie de notre domaine dont on peut penser qu’elle se maintiendra. Cela tient sans doute d’une part à l’excellente qualité finale des impressions papier obtenues et d’autre part à des facteurs plus sociologiques, tels la gratuité de LATEX, le poids des habitudes et un certain consensus entre auteurs et éditeurs.
Toutefois, nous disposons aujourd’hui, avec le web, d’un nouveau moyen de diffusion de nos œuvres. La technique la plus simple de publication électronique d’un article est la mise à disposition d’une versions formatée par LATEX (.dvi ou PostScript). Cette démarche simplifie le travail de l’auteur qui réutilise le fichier qu’il envoie à son éditeur. La démarche du lecteur internaute est ensuite finalement la même que celle du lecteur d’un journal scientifique ou des actes d’une conférence : après une lecture rapide du document il imprimera l’article pour le lire tranquillement si il est intéressé.
La publication du document en html offre des possibilités supplémentaires: recherche de mots-clés dans le document, lecture non linéaire à partir d’une table de liens, accès par un simple click de souris à d’autres documents, tels des articles référencés ou des documents complémentaires omis dans la version papier faute de place. En outre, le fichier html sera plus petit, ce qui minimise les temps de chargement, et sa lecture se fera à travers l’outil universel de l’internaute: le browser web. En effet, tous les systèmes (et en particulier les ordinateurs personnels) ne proposent pas un visualiseur dvi ou PostScript. Par ailleurs, la piètre qualité des documents imprimés à partir du html interdit l’écriture d’articles directement en html.
Les possibilités offertes par la lecture web se justifient particulièrement dans le cas des manuels de logiciels : en effet on lit rarement ces manuels d’une traite, on butine plutôt dedans à la recherche d’une information précise. Par ailleurs, la lecture sur écran est ici un avantage qui offre au lecteur un aller et retour rapide entre une fenêtre où il utilise le logiciel et une autre où il consulte sa documentation. Enfin, les mises à jour des manuels lors des changements de versions des logiciels sont immédiates.
Les manuels étant souvent de taille importante, et leur mise au point demandant de nombreuses itérations, il est particulièrement important de disposer d’un traducteur rapide. L’utilisateur doit également pouvoir facilement paramétrer les traductions ou même d’étendre la fonctionnalité du traducteur. En effet, il est vain de croire que l’auteur d’un traducteur puisse tout prévoir ; d’autre part il est parfois impossible de rendre en html certaines constructions LATEX ou certains symboles. Dans ce dernier cas, il faudra rendre le symbole par un équivalent, dont le choix dépend du goût de l’utilisateur et de la nature de son document.
Les lecteurs intéressés par par un manuel de référence d’HEVEA consulteront [7]. En effet, cet article décrit plutôt le fonctionnement interne d’HEVEA. Il commence établir le principe d’une traduction lexicale de LATEX vers html (sections 2). De ce principe résulte l’architecture d’HEVEA qui distingue nettement l’émission de html par le gestionnaire de sortie (section 3) et la reconnaissance de l’entrée par l’analyseur lexical principal (section 4). La section 4 explique également comment reconnaître et traduire les formules mathématiques en html. La réalisation du mécanisme de commande et d’appel par nom de LATEX et son utilisation pour paramétrer HEVEA sont ensuite décrites en détail (sections 5 et 6). Enfin, je conclue par une rapide comparaison d’HEVEA avec d’autres traducteurs et par quelques perspectives d’avenir.